Savez-vous élever des choux ?

Ronan Le Mentec et Éric Guillou, chefs de culture chez Thomas Plants sur la plate-forme extérieure de 6 ha couverte de plants de choux prêts à être livrés chez les producteurs. - Illustration Savez-vous élever des choux ?
Ronan Le Mentec et Éric Guillou, chefs de culture chez Thomas Plants sur la plate-forme extérieure de 6 ha couverte de plants de choux prêts à être livrés chez les producteurs.

C’est le début de la pleine saison de plantation des choux. L’entreprise Thomas Plants, à Ploubazlanec (22), est spécialisée dans l’élevage des plants. Une phase qui dure environ 6 semaines avant la livraison chez le producteur.

Si on observe déjà les premières parcelles de choux  plantées sur la côte Nord-Bretagne entre Saint-Malo (35) et Le Conquet (29), le pic de plantation démarre cette semaine et va durer jusqu’à la mi-août. Aujourd’hui, l’élevage de choux est souvent confié à un producteur de plants. « Depuis 28 ans, l’élevage de plants de choux est un des fers de lance de  Thomas Plants à Ploubazlanec (22) », déclare Éric Guillou, responsable de culture. C’est 90 millions de plants de choux qui sortent des serres tous les ans et 78 millions rien que sur le mois de juillet. « C’est une grosse activité en terme logistique, nous avons un planning très serré, il ne faut pas se rater », confie Jérôme Crenn, responsable produit.

Plus de 100 variétés au catalogue

Les producteurs choisissent, avec le commercial de leur secteur, les variétés qu’ils souhaitent mettre en élevage. Tous types de choux confondus : choux-fleurs, choux-fleurs de couleur, cabus blancs et rouges, milan, brocolis, romanesco et autres choux. Il y a bien plus d’une centaine de variétés couramment cultivées. « Concernant le chou-fleur, il y a déjà 50 variétés phares commandées par les producteurs pour couvrir les besoins de l’ensemble de la saison. Notre chance est d’être situé dans une région privilégiée pour deux raisons : un climat permettant à nos clients de produire toute l’année et bénéficier de semences adaptées aux différentes périodes de récoltes. Pour cela nous élevons des variétés provenant de différentes grandes maisons semencières mais aussi avec des génétiques bretonnes de type Roscoff, sélectionnés par l’OBS (Organisation Bretonne de Sélection) et adaptées à la production hivernale », décrit le chef de culture.

[caption id= »attachment_2760″ align= »aligncenter » width= »300″]Le transbordeur peut prendre 100 plaques, soit 30 000 plants, pour les bouger dans les serres ou les envoyer sur la plate-forme extérieure. Le transbordeur peut prendre 100 plaques, soit 30 000 plants, pour les bouger dans les serres ou les envoyer sur la plate-forme extérieure.[/caption]

La mécanisation pour limiter la manutention

« C’est la mécanisation qui nous permet de faire autant de volumes », indique Éric Guillou. Depuis 17 ans Thomas Plants travaille et investit pour éviter la manutention. Les trois-quarts des 90 millions de plants de choux sont déplacés dans les serres et envoyés à l’extérieur grâce à une machine. C’est un chariot géant appelé transbordeur,  qui déplace les plants à l’aide d’une pince située sur le dessous. Cet engin peut prendre 100 plaques, soit 30 000 plants, pour les bouger dans les serres ou les envoyer sur la plate-forme extérieure. « Pour cette opération manuelle, il faut 5 personnes qui déplacent 4 500 plaques sur 8 h de travail, ce qui fait une cadence de 100 plaques/heures. Avec la machine et 2 personnes le rythme est de 1 000 plaques/heure. »

Récolte dans 70 à 280 jours

Les cycles de production (de la plantation à la récolte) varient de 70 à 280 jours environ, selon les variétés. Aujourd’hui, un producteur peut planter un chou pour une récolte de mi-septembre. Début août, il plantera ses variétés tardives pour des récoltes s’étalant jusqu’à la mi-mai.
Les plants sont élevés en mini-mottes dans des plaques en plastique. Le choix de ce matériau présente plusieurs avantages : c’est un produit facilement lavable et désinfectable, facilitant le démoulage lors de la plantation et il est recyclable. L’entreprise fabrique ses plaques et après broyage, réintègre les anciens conditionnements aux nouveaux fabriqués.

Trois formats de plaques sont proposés : 150, 240 et 315 alvéoles. Et le chef de culture de vanter son produit phare : « La plaque de 315 alvéoles représente le gros de nos volumes. La motte est différente car on y met plus de terreau. Cela permet une meilleure rétention en eau avec une plus grande réserve en éléments minéraux nécessaires à la plante. La quantité de terreau supplémentaire rajoute du poids à la motte, ce qui pour la plantation mécanique améliore la tombée du plant et donc augmente la vitesse de plantation. » Les plaques passent ensuite dans la ligne de semis pour le remplissage en terreau puis le semis des graines. Ensuite, les plaques rejoignent les 4,5 ha de serres et y passeront 3 semaines.

Les plants durcissent 3 semaines en extérieur

La dernière étape avant la livraison des plants chez le producteur est la phase de durcissement. Les choux sont acheminés sur une plateforme extérieure de 6 ha pour durcir. Là, ils vont être soumis aux caprices de la météo, une étape indispensable pour obtenir des plants solides et durs. « Le résultat donne des plants qui ne fanent pas au champ car ils ont passé la période de stress liée à la sortie de la serre. Ceci assure une reprise plus rapide », affirme Jérôme Crenn. Nicolas Goualan


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