La ferme de Trévarez (29) propose deux rendez-vous techniques (10 et 11 septembre) sur l’association traite robotisée et valorisation du pâturage. Plusieurs équipes de chercheurs feront part de leurs expériences.
En septembre, l’équipe de la ferme expérimentale de Trévarez (29) présentera des résultats « du gros projet robot de traite et pâturage ». Des travaux lancés dès 2012 « face à l’augmentation du nombre d’exploitations laitières s’équipant de stalles robotisées et le recul du pâturage qui en découle très souvent », rappelle Alain Hindré, président du pôle herbivore de la Chambre régionale d’agriculture. Objectif : « Dégager des pistes pour améliorer la compétitivité du robot », poursuit Pascal Le Cœur, en charge du suivi du troupeau. « De produire des références et conseils d’itinéraires techniques pour tout éleveur robotisé voulant continuer à pâturer quelle que soit sa disponibilité en herbe ». À Trévarez, le système est d’autant plus original que la stalle est mobile : « Une première en France. Robot, bureau, local technique et tank sont installés sur deux châssis de remorques. » À la mauvaise saison, le dispositif est en bâtiment.
[caption id= »attachment_6402″ align= »aligncenter » width= »275″] Pascal le Cœur de l’équipe de Trévarez[/caption]
5 mois à 15 € / 1 000 L de coût alimentaire
En 2013, le robot est resté en bâtiment. « Au départ, les animaux avaient accès au même paddock avant et après la traite et la fréquentation du robot n’était pas optimisée. Après 15 jours, nous avons créé un circuit jour et un circuit nuit avec fil avant. La perspective d’être orientées vers un repas à base d’herbe fraîche a rapidement motivé les vaches à revenir d’elles-mêmes au robot. »
Pâturage et robot en zone sèche
Seront présentés aussi les travaux de la ferme expérimentale de Derval (44) : « une stalle saturée avec jusqu’à 72 vaches traites associée à un pâturage en zone sèche (15 à 20 ares/VL). » Des chercheurs de l’Université de Liège en Belgique témoigneront également.
« 2014 est l’année 1 de la mobilité, une année fourragère de rêve », se rappelle Pascal Le Cœur. Au 13 mai, le troupeau (60 vaches) est déménagé « vers les 22 ha du site d’été ». Le robot mobile suit, installé sur une plateforme stabilisée. La porte de tri oriente les vaches d’un circuit à l’autre (jour / nuit). « Jusqu’au retour à l’étable le 21 octobre, les vaches sont exclusivement nourries au pâturage » si on excepte les 500 g de mélange céréalier distribués à chaque traite. Au final, de mai à octobre, la production s’est située à 18,6 kg de lait / VL / jour pour une fréquentation d’1,8 traite par jour. « Proches des expériences de ce type menées en Belgique ou au Danemark », note Pascal Le Cœur. « La production reste modérée mais peut être améliorée en jouant sur le mois moyen de lactation. C’est un modèle fourrager assez typé bio de l’Ouest ou très pâturant, où pendant 5 mois le coût alimentaire est de l’ordre de 15 € / 1 000 L. »
[caption id= »attachment_6403″ align= »aligncenter » width= »300″] Sur site de Laz, 8 000 € ont été investis pour créer 800 m de chemin de qualité et 10 000 € pour mettre en place des clôtures hypertendues (les produits de 3 marques à découvrir) avec des systèmes de ressorts de compensation, de tendeurs rotatifs…[/caption]
Cette année, les vaches sont passées sur le site été le 28 avril. « Malheureusement, il n’y a eu que 10 mm de pluie entre le 15 mai et la fin juin, et des vents desséchants. Le pâturage en a pâti, la pousse ne répondait pas aux besoins des vaches… Chaque jour qui passait, on prélevait une demi-ration sur la pousse. Fin juin, le garde-manger était vide », raconte le chercheur.
Moins de lait et plus de marge
Il a donc fallu ramener troupeau et robot au bâtiment début juillet. « C’est l’inconvénient de ce système sans stock prévu… » Si on n’avait pas imaginé « une pousse de l’herbe en berne au printemps à Trévarez », la souplesse du dispositif permet de déménager en 4 heures : « Deux tracteurs pour traîner les châssis. Deux personnes pour ramener les animaux en bétaillère. À quatre, pas plus que pour un chantier d’ensilage, le tour est joué. » En attendant que les prairies redeviennent productives…
« Les connaissances s’affinent pour notre région où l’herbe est disponible. Face à des coûts alimentaires en système robot qui dépassent 100 € / 1 000 L, nos travaux invitent à réflexion : Certes, on produit moins de lait par vache, mais la marge de l’atelier est plus élevée… », conclut Pascal Le Cœur. Toma Dagorn