Les semis de colza vont démarrer d’ici à la fin du mois. Le point avec Nina Rabourdin, de Terres Inovia, sur les points-clés à respecter pour réussir son implantation.
La période optimale de semis d’un colza se situe entre le 25 août et le 5 septembre dans la région. « L’objectif d’une implantation précoce est de permettre à la culture de germer vite et de façon homogène, pour produire un pivot d’au moins 15 centimètres avant l’entrée en hiver. La vigueur au démarrage sera également une réponse efficace aux attaques de limaces et d’altises », confie Nina Rabourdin, ingénieur régional de développement pour la Bretagne et les Pays-de-Loire à Terres Inovia. Il est important de respecter ces dates, sous peine de sanctions sur les plants en cas de semis trop précoce. « Si au contraire le colza se développe d’une manière trop importante, avec des reliquats d’azote importants combinés à un semis précoce, la plante risque une élongation automnale et sera alors plus sensible au froid et au phoma », ajoute-t-elle. Le facteur somme de températures joue un rôle crucial dans ces phénomènes d’élongation. Réponse cet automne.
Piéger les limaces avant semis
La pose de pièges à limaces permet de connaître les espèces présentes dans les parcelles. « Contrairement aux limaces blanches, les limaces noires ont des habitudes souterraines. Elles ne seront donc pas sensibles aux épandages de spécialités anti-limaces en plein champ. Le piège orientera alors la stratégie de lutte : la présence de limaces noires déclenchera une incorporation ou une localisation dans la ligne de semis des granulés molluscicides », explique l’ingénieur. Cette présence ou non de limaces influe sur les densités de semis de la culture. « Le risque d’attaque, mais aussi l’historique de la parcelle, avec par exemple la présence de terres hydromorphes ou non, modifieront les densités de semis. Garder à l’esprit un objectif de 30 à 40 plantes souhaitées par m2 en sortie d’hiver pour les lignées, contre 20 à 30 plantes souhaitées en sortie d’hiver pour le colza hybride ».
Poser une cuvette jaune
Pour le démarrage de la culture, la pose d’un bol jaune est un précieux indicateur des ravageurs présents sur la culture. « Enterrée dès le semis, la cuvette jaune piégera des grosses et petites altises. Le bol doit ensuite être remonté en suivant la hauteur de la culture. La consultation des Bulletins de Santé du Végétal (BSV) est indispensable pour compléter ses observations au champ », conseille Nina Rabourdin.
Ne pas assécher les premiers centimètres
Lors de la préparation du lit de semence, il faut veiller « à ne pas assécher les premiers centimètres du sol. L’idéal reste de travailler sa parcelle au plus près de la récolte de la céréale, pour profiter de l’humidité du sol toujours présente. Si l’itinéraire technique passe par un labour, il faudra veiller à ne pas créer de mottes, idéales pour le développement des limaces. Le sol sera donc toujours rappuyé pour limiter les interstices entre ces mottes. Il faut veiller également à ne pas créer de compaction d’un horizon ».
Associer son colza
Les associations de colza avec une autre espèce sont très positives. « Il faut dans un premier temps définir le rôle de l’association. Le colza peut être combiné avec une espèce gélive qui disparaîtra à la sortie de l’hiver, couvrira le sol pour limiter les adventices et aura un effet de leurre vis-à-vis des ravageurs. Attention, dans ce cas, à l’implantation de vesce qui a des propriétés agressives et est peu sensible au gel. Une autre approche peut être obtenue avec une association à des légumineuses qui nourriront en azote le colza et pourront être présentes de façon permanente comme le trèfle blanc ». Le trèfle a besoin de lumière et de chaleur pour se développer. Il laissera le colza croître à l’automne et repartira en végétation après récolte de l’oléagineux. Fanch Paranthoën