L’optimisation de la gestion de la production fourragère est fondamentale dans le résultat économique en production ovine.
Ce qui distingue le mouton des autres herbivores, c’est sa grande amplitude de capacité d’ingestion en fonction du stade physiologique. De 2 mois avant l’agnelage jusque 2 mois après, la capacité d’ingestion est minimum, et les besoins maximums. Le reste du temps, la capacité d’ingestion est nettement supérieure, et les besoins diminueront fortement 4 mois après l’agnelage et le sevrage des agneaux. On aura donc 2 périodes très distinctes : une période où la priorité sera donnée à la qualité du fourrage, 6 mois environ, et une période où la priorité sera à la quantité de fourrage, plutôt qu’à la qualité, les 6 autres mois. C’est ensuite la date d’agnelage de la troupe qui déterminera quand produire quel type de fourrage.
De la qualité lors de l’ingestion minimale
Lorsque la qualité de l’herbe est priorité, on choisira pour la période des graminées et des légumineuses naturellement riches et productives à cette dite période : ray-grass anglais au printemps et en septembre, dactyle et brome fourrager toute la campagne herbagère, fétuque des près en plein été, associés à des trèfles blancs (attention pas de trèfles géants, dits ladino, pour les moutons), ou du lotier. Il ne suffit pas que l’espèce soit nutritive, il faut aussi qu’elle soit exploitée au bon stade, avec un étêtage réalisé tôt et une hauteur de l’herbe entre 5 et 12 cm.
Pour la période où c’est la productivité de matière sèche qui est l’objectif, plutôt que la qualité, on peut utiliser les mêmes espèces, mais aussi la fétuque élevée, de préférence de variétés à feuilles souples, des ray-grass italiens, des ray-grass hybrides, utilisés éventuellement en culture dérobée, ainsi que le trèfle incarnat ou d’Alexandrie. Aussi en interculture, on peut envisager des crucifères telles que le colza fourrager, le radis fourrager ou la navette fourragère.
Une hauteur d’herbe de 8 cm
La production de matière sèche sera conditionnée par l’espèce végétale, les conditions pédoclimatiques, le mode d’exploitation et la fertilisation. On a souvent le réflexe de penser fertilisation pour augmenter la productivité. Il faut d’abord se rappeler que la plante se nourrit de photosynthèse et que le premier facteur de production est la surface de feuilles pour valoriser le rayonnement solaire. L’optimum est atteint lorsque la hauteur d’herbe est de 8 cm. En dessous, avec un manque de surface de feuilles, la plante ne peut exprimer son potentiel. C’est là la difficulté de la gestion des prairies pour ovins qui pâturent ras. Il faut donc s’adapter en organisant un pâturage tournant, en ôtant les brebis si l’herbe n’est pas assez haute et les contenant sur une surface restreinte et affouragée. Les intercultures ou les semis de fourragères sous couvert de céréales peuvent alors être des solutions pour « soulager » les surfaces prairiales. L’alternance d’exploitation de parcelles assolées avec les surfaces prairiales est aussi un atout pour lutter contre le parasitisme.
Stade feuillu optimal pour le flushing
Cas particulier de la période de flushing : pour préparer les brebis à la lutte, on peut prévoir une parcelle avec une fourragère non seulement de bonne valeur alimentaire, mais à un stade optimum : stade uniquement feuillu et hauteur d’herbe idéale pour favoriser l’ingestion (8 à 10 cm). L’impact sera similaire à un apport de céréales, mais plus économique.
La diversité des espèces et des variétés offrent donc des solutions pour optimiser l’alimentation des ovins. Les fourragères de qualité, exploitées au bon stade, valent du concentré, au coût 10 fois moins élevé… La finition des agneaux est aussi possible sans concentré, en envisageant des ressources fourragères d’espèces riches et exploitées au bon stade pour cette période. Source Gnis