Les premiers résultats de 2014 montrent une remontée des revenus liée à la hausse du prix du lait. La progression du volume livré et un début de détente du prix des concentrés contribuent également à l’amélioration de la trésorerie des producteurs.
La bonne conjoncture mondiale de l’année 2013, liée à une situation de quasi pénurie, s’est traduite par une forte tension sur les prix des produits industriels. Cette flambée des prix a été enfin répercutée sur le prix du lait payé aux éleveurs. Il remonte, dans les clôtures du 1er trimestre, à 374 €/1 000 L, soit une progression de 54 € par rapport à 2013.
[caption id= »attachment_6335″ align= »aligncenter » width= »300″] Prix annuel du lait payé au producteur.[/caption]
Hausse des volumes
D’autre part, le volume livré repart à la hausse depuis l’automne avec l’arrivée du nouveau maïs ensilage, de meilleure qualité fourragère, et un prix du lait plus attractif. En moyenne sur l’année, le volume livré augmente de 5 % soit 20 000 L. Le coût alimentaire annuel reste élevé (102 €/1 000 L), tout en amorçant une légère baisse par rapport au 4e trimestre (109 €). La détente sur le prix des concentrés sera plus visible dans les prochains mois. Les cours de vaches de réforme et des veaux fléchissent. Au final, la marge brute de l’atelier lait affiche une belle progression de 40 € pour atteindre 256 €/1 000 L.
A l’opposé, les marges des cultures de vente issus de la récolte 2013 se rétractent de 237 €/ha soit un manque à gagner de 5 000 € par exploitation avec en moyenne 21 ha de cultures de vente. Les charges de structure continuent leur progression entamée depuis quelques années suite aux investissements réalisés, mais aussi à la hausse généralisée des autres postes comme l’énergie, les charges sociales et les autres frais généraux. La hausse du volume livré permet une stabilisation des charges de structure unitaires par rapport aux clôtures du 1er trimestre 2013.
Notre conseil : prudence
« Dans la perspective de la fin des quotas laitiers, la possibilité de produire plus de lait s’offre à de nombreux producteurs. L’augmentation du volume de lait livré par UTHF ne garantit pas forcément un meilleur revenu. En effet, le revenu par actif familial est la résultante de la productivité physique (volume par actif familial) et du résultat par 1 000 l. Les éleveurs doivent d’abord améliorer l’efficacité de leur système de production et raisonner leurs investissements pour améliorer leur revenu. La hausse du volume livré, notamment en lait B, doit se faire en préservant la rentabilité/1000 l pour que le revenu s’améliore. Dans les nouveaux projets d’agrandissement, la prudence reste de mise en conservant des marges de sécurité, dans la mesure où aucune garantie de prix du lait pour les volumes supplémentaires n’est avancée. »
Marge de sécurité
Produire du lait coûte de plus en plus cher au producteur. Les coûts de production restent orientés à la hausse avec un niveau de 334 €/1 000 L dans les clôtures du 1er trimestre 2014, soit une progression de 11 € par rapport au 1er trimestre 2013. Le point d’équilibre de l’atelier bovin atteint 368 €/1 000 L. La rentabilité repart, avec un EBE qui affiche un niveau de 196 €/1 000 L. Il permet de dégager une marge de sécurité de plus de 30 €/1 000 L, après annuités et prélèvements privés. Ce niveau est nécessaire dans la mesure où les éleveurs sont déjà confrontés à une forte volatilité d’une campagne laitière à l’autre et au sein d’une campagne. En 2013, le prix de base du lait a varié de près de 100 € entre le mois d’avril à 285 €/1 000 L et le mois d’août à plus de 390 €/1 000 L. La gestion volumes/prix avec l’instauration d’un volume B plus important, dont le prix est complètement dépendant des cotations mondiales, devrait accentuer la volatilité. La gestion prévisionnelle de trésorerie est devenue un outil incontournable et sera encore plus indispensable à la sortie des quotas. Geneviève AUDEBET / CERFRANCE Côtes d’Armor