Quand la collecte laitière augmente et la demande diminue, la parité monétaire devient un avantage compétitif.
Sur les six premiers mois de l’année, « les exportations mondiales de poudre de lait écrémé ont progressé de 15,7 % par rapport à l’année 2014 », indique FranceAgriMer dans sa dernière analyse économique. Cette hausse, par rapport à des niveaux déjà élevés, a eu lieu dans un contexte de réduction de la demande de la part de l’un des principaux importateurs : la Chine. Les opérateurs chinois ont en effet réduit leurs achats de poudre de lait écrémé de 33 % (36 700 tonnes), pénalisant tous leurs fournisseurs, dans des proportions diverses cependant.
Un marché très mouvant
La Nouvelle-Zélande, par exemple, n’a vu ses ventes vers cette destination diminuer que de 1,1 %, quand l’Australie et les États-Unis ont vendu respectivement 39 et 45 % de moins. Quasiment tous les pays sont cependant parvenus à reporter les volumes vers d’autres destinations, voire même à les augmenter : la Nouvelle-Zélande s’est tournée vers d’autres marchés asiatiques (+ 53 % vers Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande), tout comme l’Australie (+ 64 % vers l’Indonésie, + 134 % vers la Malaisie) quand l’Union européenne a trouvé des débouchés au Bangladesh, au Pakistan et en Égypte.
L’embargo russe continue à impacter les échanges de fromages. Sur le 1er trimestre 2015, les importations russes de fromages ont ainsi reculé de 64 %, soit de 63 800 tonnes (d’après les douanes russes). Le pays a fait quelques achats auprès du Chili, qui n’était pas un fournisseur au début de l’année 2014, et s’est approvisionné auprès de la Biélorussie (+ 5 %). Mais la Russie est avant tout pénalisée par une situation économique difficile (liée à la baisse du prix du pétrole) qui limite ses capacités d’achat.
Les ventes de beurre sur le marché mondial ont quant à elles diminué de 12,4 % sur les quatre premiers mois, mais restent supérieures au niveau de 2013. Quatre des cinq principaux exportateurs ont réduit leurs ventes.
L’Europe fait son beurre
Seule l’Union européenne a développé ses exportations (+ 15,6 %, soit + 8 milliers de tonnes). « Il est possible que l’amélioration de sa compétitivité ait favorisé sa présence sur le marché mondial », analyse FranceAgriMer. Cette meilleure compétitivité est passée par une parité monétaire plus favorable, que ce soit par rapport au dollar américain ou par rapport au dollar néozélandais. À une valeur moyenne de 1,115 par rapport au dollar US sur les six premiers mois de l’année, l’euro s’est inscrit sur des niveaux inférieurs de 18,6 % par rapport à l’année précédente. Cela a conduit à un resserrement des cours européens, américains et océaniens des produits laitiers industriels. Le beurre américain est le plus onéreux, et de loin, sur le marché mondial depuis la fin du mois de mars.