L’Établissement public de gestion et d’aménagement de la baie de Douarnenez (Epab) organisait lundi 21 septembre une journée sur le thème de la filière lait biologique.
« Nous sommes dans un contexte très porteur en lait et viande biologique, avec une croissance de 110 % du marché depuis 2010 », introduit Patrick Guillerm, président de la fédération régionale des agriculteurs biologiques (Frab). Derrière cette réalité de marché très dynamique, des producteurs qui aujourd’hui vivent très bien de leur métier. « Selon une étude du Cniel, 95 % des éleveurs estiment bon à très bon leur revenu. Le contexte est rassurant, positif. Ce n’était pas forcément le cas il y a 10 ou 15 ans », ajoute le président, en faisant allusion à la crise qui a touché le secteur à la mise ne place des CTE (Contrat territoriaux d’exploitation), avec énormément de conversions et qui a déséquilibré la filière.
La collecte a progressé de 7,5 % entre 2013 et 2014. « La Bretagne compte 450 fermes laitières, et représente 1/5e de la collecte française. Le volume de lait biologique ne représente que 2,2 % du lait total, mais le produit se démocratise. 80 % des Français consomment du bio au moins une fois par semaine. Le prix n’est plus un frein à la consommation, c’est plutôt la proximité des points de vente qui limite l’acte d’achat », précise Patrick Guillerm.
Prudence sur les volumes
Christophe Baron est président de Biolait, acteur de la filière présent sur la Bretagne. Il prévient : « Nous progressons avec les crises. Actuellement, les signaux sont positifs, il faut toutefois garder prudence sur les volumes ». Garder une rémunération tout au long de la filière, telle est la stratégie mise en place par la société basée à Saffré (44). « Nous avons un accord avec Système U qui, quand il vend un litre de lait à 98 centimes, rémunère le producteur, le transformateur et le distributeur ».
Même prudence chez Lactalis, car Gérard Maréchal, en charge du bio dans l’entreprise, estime que « la production de lait biologique est plus facile en Bretagne qu’en Sud Pays-de-la-Loire ou en Poitou-Charentes. Le lait est un produit fragile et instable, c’est pourquoi nous développons les sites de production autour des usines. La croissance en volume du marché est ralentie, et est portée par la promotion. 56 % des volumes sont écoulés en marques de distributeur (MDD), pour 48 % en valeur. Il faut être vigilant à ne pas paupériser le produit ».
La baie cherche des conversions
Pour conclure la journée, Henri Caradec, président de l’Epab, rappelle que « le marché est existant. Prenons la place qui est la nôtre. Notre projet vise à couvrir 600 hectares en agriculture biologique sur notre territoire. Nous sommes actuellement à 300, soit 2 % de la surface exploitée en baie de Douarnenez ». Cette conversion, Jean-François et Annick Kerdreux y pensent, à l’approche de l’installation de leur fils Alain. « Nos pratiques sont déjà proches du bio, hormis sur la culture de maïs où des solutions de désherbage doivent être approfondies. Contre le taupin, j’expérimente déjà une formulation mariant engrais starter et répulsif naturel », explique l’agriculteur. Avec une baisse de la surface consacrée au maïs au profit de l’herbe, l’exploitation pourrait bénéficier en contactant une MAEC SPE 18 d’une aide non négligeable. Fanch Paranthoën