Le porc à l’engrais consomme 2,2 kg d’aliment en moins chaque année. À l’avenir, il devra surtout être capable de valoriser des matières premières moins digestibles. La génétique est mise à contribution.
Des 2,2 kg d’aliment gagnés par porc charcutier chaque année dans les populations françaises, la moitié est due à la sélection. 20 à 25 % des objectifs de sélection dans les lignées femelles et en piétrain sont dédiés à la réduction de l’indice de consommation (IC). Cette amélioration de l’IC est corrélée favorablement au GMQ et au TMP. Par contre, elle entraîne une détérioration de la qualité technologique des viandes, des performances de reproduction et diminue l’ingéré, ce qui peut être problématique chez les truies en période de lactation.
Mesures de l’IC plus précises
Pour avoir une sélection efficace, il faut que le caractère soit héritable, qu’il y ait suffisamment d’animaux dans la population, que la vitesse de remplacement des reproducteurs soit élevée (tous les 2 ans en porc) et que la mesure du paramètre soit précise. « En production porcine, c’est la précision de la mesure de l’IC qui est la plus problématique. Les mesures directes sont coûteuses ; deux mille animaux sont testés en station de contrôle par an, et la précision est deux fois moindre que pour le GMQ », indique Hélène Gilbert de l’Inra, intervenante au Space. Pour continuer à progresser sur ce critère, il faut phénotyper plus de porcs et avoir recours à la sélection génomique.
La nouvelle station de phénotypage du Rheu, inaugurée cet été, permettra d’augmenter le nombre d’animaux testés. D’autre part, les organismes de sélection se sont dotés d’équipements propres pour enregistrer les performances de candidats à la sélection (12 000 animaux testés au total). 7 millions d’euros d’investissement qui permettront d’augmenter significativement la précision de la sélection sur l’efficacité alimentaire. « Ces efforts financiers importants sont accompagnés de la recherche de nouveaux leviers d’action. Compte tenu des corrélations sur les autres critères de sélection, il s’agit surtout de sélectionner des animaux capables de valoriser des aliments moins digestibles ». Des essais ont permis de mettre en évidence des différences entre lignées d’animaux sur ce paramètre. Proviennent-elles de la composition du microbiote intestinal ? « C’est une possibilité, mais son potentiel pour la sélection sur l’efficacité alimentaire reste à démontrer ».
Le levier de la sélection génomique ?
La connaissance du génome pourrait venir à la rescousse des sélectionneurs. Là encore, beaucoup d’efforts restent à faire. « Dans l’espèce porcine, où les candidats à la sélection sont nombreux (30 descendants pour une truie contre 1 pour une vache, par an), des études restent nécessaires pour évaluer les gains économiques pour la filière ». Les programmes Utopige et Sélection génomique du Landrace, ont néanmoins été lancés récemment et conjointement par les OSP françaises. Ils permettront peut-être des avancées en mettant en évidence des marqueurs génétiques de l’efficacité alimentaire. L’enjeu est énorme, dans un contexte de changement des matières premières et des ressources en protéines. Bernard Laurent