Au Space, des agriculteurs sont revenus sur les décisions qui leur ont apporté davantage de bien-être au travail et dans leur vie personnelle.
Les Réseaux Geda et Ceta organisaient la 3e édition des rendez-vous « Les éleveurs parlent aux éleveurs ». Plusieurs agriculteurs bretons sont venus présenter leurs choix stratégiques, les innovations testées et adoptées, l’intérêt du travail en groupe pour prendre du recul et se tenir informé. Sur le thème du bien-être, Sylvain Malle, éleveur dans le secteur de Fougères (35), a témoigné sur la réorganisation complète de son élevage suite au départ de son associé (ex-salarié) après 10 ans de Gaec. Un vrai bouleversement. « Nous avions augmenté de (150 000 L) le quota et avions construit une nouvelle stabulation. Pour trouver une organisation plus productive, j’ai pris des conseils auprès d’autres exploitants en individuel », témoigne l’éleveur. Les Normandes ont été remplacées par des Prim’Holstein, un Dac a été installé, et le producteur a investi dans des colliers de détection des chaleurs. Il s’appuie également beaucoup sur le service de remplacement et projette d’embaucher un salarié à mi-temps.
Les nouvelles technologies au service des éleveurs
Pour Jean-Jacques Deniel, éleveur laitier, les nouvelles technologies riment avec autonomie et amélioration des conditions de travail. En déléguant l’ensemble des travaux de culture à une ETA et en vendant tout le matériel de culture, le Finistérien a pu investir dans un robot de traite en 2007. « Aujourd’hui, c’est un outil d’aide à la décision. J’ai mis en place 3 tableaux de bord assez simples via une extraction à partir du logiciel du robot (quantité de lait ou de concentrés/vache…). » Sur les cultures, Jean-Jacques Deniel réalise lui-même sur tableur simple son plan de fumure, son prévisionnel de fertilisation et son carnet sanitaire. « Une dropbox me permet de modifier en ligne mes fichiers que je sois sur le PC d’exploitation, de la maison ou sur tablette. »
Didier Mestric, éleveur laitier à Meslan (56), a connecté toute son exploitation : 15 caméras de surveillance, logiciels de suivi de troupeau et de cultures, podomètres, pesée embarquée sur le téléscopique… Dernière acquisition : un drone équipé d’une caméra GoPro. « En survolant les parcelles, il me permet de surveiller l’état des cultures, de voir le niveau des bacs à eau, d’effrayer les corbeaux et de ramener tranquillement les vaches pour la traite grâce à son bruit d’essaim. » L’éleveur dispose également d’une station météo reliée au réseau Infoclimat : les informations recueillies permettent d’anticiper les dates de semis, de récoltes et d’irrigation.
Plus de responsabilités en veaux de boucherie
Pour Brigitte Lehuger, éleveuse de veaux de boucherie avec son mari (35), le bien-être au travail est passé par davantage de responsabilités. « En 2002, nous avons décidé de rompre le contrat d’intégration et de devenir éleveurs indépendants. Aujourd’hui, nous choisissons les veaux, la race, l’alimentation… Nos animaux sont mieux classés à l’abattoir. Et nous avons bâti des liens avec les autres acteurs de la filière. »
Vincent Grégoire, éleveur de porcs (35), est, quant à lui, entré dans la démarche d’amélioration continue, en groupe Ceta de 5 – 6 éleveurs. « Les collègues agriculteurs viennent regarder comment on travaille et proposent des solutions d’amélioration. Cette démar-che permet de rester dans une dynamique et de remettre l’homme au cœur de l’exploitation. » Agnès Cussonneau