Paul Le Fur, producteur de lait à Lanhouarneau (29) estime que l’ensilage de maïs est LA récolte de l’année à ne surtout pas négliger : « Il faut investir et s’investir pour obtenir une qualité optimale du maïs ». Sélection des variétés, culture, confection du silo ou encore conservation… Zoom sur les bonnes pratiques du Gaec du Hêtre.
Même si la maîtrise totale est impossible, Paul et Julien Le Fur s’évertuent à bien ficeler le chantier de maïs afin de distribuer un fourrage de qualité à leur troupeau. La valeur alimentaire ensilée est, selon eux, le reflet de la qualité du produit et « si elle est convenable, elle permettra de distribuer moins de concentrés aux vaches ».
[caption id= »attachment_7247″ align= »aligncenter » width= »300″] Paul Le Fur, à gauche, et Ronan Le Gall, coordinateur technique Triskalia, sont unanimes : la confection du silo de maïs est un rendez-vous à ne pas manquer.[/caption]
32 à 33 % MS : le go !
Lorsque la plante avoisine un niveau de 32 à 33 % de matière sèche (MS), il est temps de récolter. Cet indicateur renseigne le niveau de remplissage du grain. Le jour J, Paul et Julien vont également déterminer la finesse de hachage avec l’entrepreneur : « Si le maïs est sec, la longueur de coupe sera fixée à 15 mm. Une coupe fine permettra d’éviter l’air dans le tas. Si le maïs est humide, ce sera 17 mm maximum. » Pour l’éclatement du grain, les machines de l’ETA font le nécessaire, pas de souci de ce côté-là. Les coupes sont franches, la fibre n’est pas déchirée. Tout est mis en œuvre pour que la digestibilité de l’amidon soit optimale.
L’exploitation en bref
- Gaec du Hêtre, à Lanhouarneau (29)
- Paul et Julien Le Fur
- 1 000 m² de poulets de chair
- 1 unité de méthanisation de 100 kw
- Lait livré : 889 000 L
- Niveau de production : 8 900 L/VL
- Coût de concentrés / 1 000 L : 53,78 €
- Coût fourrager / 1 000 L : 23,23 €
- SAU : 103 ha dont 30 ha de maïs (5 à 6 ha pour la méthanisation), 9 ha de pomme de terre, 6 ha d’orge, 6 ha de blé, 5,5 ha de luzerne, 3 ha de betterave, le reste en herbe (prairies fauchées 2 à 3 fois + pâture)
Un silo bien tassé
Le chantier maïs mobilise beaucoup de monde, du matériel et est parfois réalisé en un temps record avec des ensileuses de 10 à 12 rangs. « Aujourd’hui, on ensile 20 ha de maïs en 7 heures. Les chantiers sont bouclés si rapidement que les tas sont à peine tassés » confie L’agriculteur qui priviligie une ensileuse de 6 à 8 rangs et préfère rester au niveau du silo pour surveiller la confection du tas. C’est lui qui passe sur le maïs et qui répartit un inoculant grâce à un vieux pulvérisateur dans lequel il fait le mélange eau-conservateur. « Je prépare la solution pour 5 à 6 ha et je monte sur le tas toutes les 2 à 3 remorques pour une répartition homogène. À la fin, j’effectue une finition en repassant sur le maïs et en particulier, au niveau des pentes, pour finaliser le tassage ». Afin d’obtenir un ensilage de maïs de bonne qualité, les associés mettent systématiquement des bâches neuves que ce soit au niveau des murs, zones sensibles, ou au-dessus du silo. « Le temps passé, le conservateur et les bâches ne représentent pas un coût, mais un investissement pour obtenir un ensilage de maïs de qualité. Et ce n’est rien comparé aux pertes liées à une mauvaise conservation », reconnaît l’éleveur.
Delta Lyse, la première enzyme homologuée en Europe pour ruminant !
Deltalyse est une amylase pure et protégée qui valorise la digestion ruminale de l’amidon de maïs frais. Mode d’emploi :
- Utiliser Delta Lyse dans les 100 jours qui suivent la récolte de l’ensilage de maïs.
- Avec des ensilages de maïs vitreux à plus de 35 % de matière sèche, quel que soit l’âge du silo.
- Lorsque la digestion du maïs est incomplète.
- Avec des rations riches en grains de maïs.
- Delta Lyse est incorporée dans l’aliment.
Attention aux transitions rapides
Un mois après, une fois l’activité microbienne stabilisée, les producteurs font appel à Grégory Guénégan, technicien conseil en nutrition et lait Triskalia, pour faire analyser un échantillon de l’ensilage de maïs et caler la ration. L’évolution des valeurs nutritionnelles du maïs est à nouveau surveillée 2 à 3 mois après l’ouverture du silo par une nouvelle analyse puis en période estivale.
La transition alimentaire avec le nouveau maïs est une étape à ne pas rater au risque de pénaliser la production laitière. Selon Ronan Le Gall, coordinateur technique Triskalia : « Dans certains élevages, le stock de report est faible et les vaches laitières se retrouvent alimentées avec du maïs qui n’est pas encore stabilisé. On observe presque systématiquement un problème d’efficacité alimentaire en automne lié à une faible digestibilité de l’amidon. Les conséquences ne se font pas attendre : baisse de la production des acides gras volatils dans le rumen et des protéines microbiennes, puis de la production laitière accompagnée d’une hausse du taux d’urée. » Carole Perros / Triskalia