Grâce aux 80 mm de pluie des 15 derniers jours, les prairies sont reparties, Didier et Sylvie Motais sont soulagés : « On peut dormir tranquille »… Maintenant, il faut préparer les stocks d’hiver.
La pluie a permis le redémarrage de la pousse de l’herbe sur toutes les parcelles. L’été sec a été difficile, Didier et Sylvie Motais, éleveurs à Lescoët-sur-Meu (22), ont attendu les pluies jusqu’à la fin août : les mélanges pâturés avec de la luzerne ont montré leur intérêt cette année. La cinquantaine de rounds de foin de l’année dernière a permis de ne pas attaquer les stocks d’hiver. Les parcelles qui auraient dû être fauchées en deuxième coupe ont été pâturées. Les 200 rounds de foin et 15 ha d’herbe ensilés réalisés au printemps suffiront cet hiver pour les génisses. Et pour les 80 vaches laitières ? « C’est simple : les 15 ha de maïs doivent remplir les 2 silos et il faut une centaine de bottes d’enrubannage ».
Sur les 6 ha éloignés à Trémorel (22), ils ont semé une dérobée en RGI-trèfle incarnat. Ce couvert s’est très bien implanté et deux fauches pourraient être réalisées : une avant l’hiver en enrubannage et une au printemps avant le maïs à ensiler. D’habitude, après la moisson, ils implantent un couvert peu coûteux d’avoine-vesce, qu’ils ensilent au printemps ou utilisent comme engrais vert. Cette année, ils ont semé des prairies en mélange suisse sur 6 ha. Une parcelle est destinée au pâturage (2 RGA + légumineuse + fétuque). « La levée est bonne », déclare l’agriculteur qui espère pouvoir y réaliser un pâturage d’automne. « Cela permet de donner de la lumière aux légumineuses et d’assurer une bonne pousse au printemps ». Une autre parcelle est destinée à la fauche. En revanche côté maïs, ils craignent des rendements de moindre qualité cette année : le temps sec a nui à la croissance de la plante et les parcelles ont subi l’attaque de la pyrale. « La pousse de l’herbe est là. On va essayer de repousser l’ouverture du silo de maïs à fin septembre/début octobre. »
Le vêlage d’automne, pour optimiser l’herbe en zone séchante
Les éleveurs tirent avantage de leur système en vêlage d’automne. Les besoins moindres des vaches taries fin juillet permettent de les nourrir longtemps à l’herbe. En août, la ration est constituée de 2/3 de pâturage et d’1/3 de foin. Les vaches restent tout le mois d’août sur 5 ha. La pousse d’automne suffit pour démarrer la lactation des premiers vêlages de début septembre. « Évidemment, ce choix ne correspond pas aux vœux des laiteries qui souhaitent du lait d’été qu’elles rémunèrent plus fortement, expliquent-ils, mais c’est un système qui fonctionne. »
Mis en place sur la ferme depuis 2003, il leur permet de dégager des résultats économiques supérieurs à la moyenne. Leur EBE/1000 L est de 301 € en 2014, soit plus de 100 € supérieurs à la moyenne CER (195 €). La production par vache est pourtant moindre : 6 300 L/VL contre une moyenne CER de 7 531 L. Ces résultats sont atteints grâce à l’économie de charges, notamment le coût alimentaire qui est de 86 €, soit presque 20 € de moins aux 1 000 L que la moyenne CER (103 €). En nourrissant les animaux à l’herbe, le lait par vache peut diminuer un peu, mais les résultats économiques sont meilleurs. Cedapa, 02 96 74 75 50.
L’avis de :
Laurent Barbot, Ploërdut (56) en zone humide
Les pluies et les températures douces ont permis une bonne repousse. Les 51 VL continuent le tour de pâturage à raison de 2-3 j/paddock. La production moyenne est de 19 L/VL/j. On est dans une période de tarissement en ce moment. Pour des choix d’organisation privée, j’ai besoin de gagner du temps le matin depuis la rentrée. Donc les vaches dorment déjà en bâtiment, contre mi-octobre d’habitude. Le soir, elles reçoivent 1,5 kg de mélange céréalier aplati, 7 kg MS/VL/j de maïs et 2 kg de correcteur azoté. Le matin, elles ont 1,5 kg de mélange, pas de maïs le matin pour inciter les vaches à pâturer. Contact Civam AD 56 : 07 85 26 03 02.
Michel Nédélec, Plonévez-Porzay (29) en zone intermédiaire
La situation est stable depuis août : 1 kg de correcteur azoté pour 1/3 maïs, 1/3 herbe, 1/3 colza. Pour mes VL qui produisent plus de 30 kg, je rajoute un mélange fermier
(0,6 kg de correcteur azoté) ce qui me permet d’avoir un rendement de 26 L/VL/j (TB 42/TP 32). Mes vaches laitières vont repasser à l’herbe jour et nuit cette semaine. Si la qualité de l’herbe diminue, qu’elle est trop riche en eau, j’équilibrerai avec du maïs. Au niveau des parcelles, j’ai pu débrayer des pâtures pour faucher en enrubannage (2 t MS/ha). Derrière, le maïs précoce (Indice FAO 250) que j’espère faire mûrir avant récolte entre le 5 et 10 octobre, je vais faire un semis d’herbe. » Contact Civam 29 : 02 98 81 43 94
Vincent Couvert, Monfort-sur-Meu (35) en zone intermédiaire
Les vaches ont à parts égales de l’herbe pâturée, de l’ensilage de maïs et de l’enrubannage. La repousse d’herbe de qualité permet d’avoir 21 kg/VL/j avec des TB/TP à 42/32 pour un rang de lactation de 6 mois. Les génisses et taries sont à l’herbe avec du foin. Les vaches reviennent sur les paddocks tous les 30-35 jours. En comptant les 5 ha de maïs qui seront récoltés la semaine prochaine, j’ai 2,9 t MS/UGB de stock. Les rendements potentiels des prairies (calculés en bilan de pâturage par l’Adage) d’ici le printemps sont de 2,3 t MS/ha. Un bon pâturage automnal me permettra de garder un stock de sécurité en prévision de l’été 2016. » Contact Adage 35 : 02 99 77 09 56