Éric Minguy fait appel a un œil extérieur pour améliorer l’alimentation et la conduite de son élevage. Il apprécie ce renfort qui permet d’optimiser son temps de travail et d’améliorer ses marges.
« Il y a des marges de progrès importantes dans les élevages en se penchant d’abord sur la digestion », assure Rémy Chérel, créateur de la société de conseil Olitys, présente pour la 1re fois au Space. C’est d’ailleurs sur l’amélioration de cette digestion qu’il s’est appuyé pour redresser la barre au Gaec de Pen Ar Prat à Ploumoguer (29). En 2011, Éric Minguy, qui gère seul l’atelier laitier sur l’exploitation (les autres associés se chargent des productions semencières et légumières), avait besoin de « tout remettre à plat ». « J’utilisais beaucoup d’antiparasitaire. Il n’y avait pas forcément beaucoup de mammites, mais une forte sensibilité aux cellules… » Le troupeau trait au robot patinait un peu. Lors des visites, Rémy Chérel observe les signes et compile les symptômes. « Piqué, décoloré, jauni… Le poil est le reflet de la digestion. Croûtes, écoulements, couleur des yeux… Couleur et aspect des bouses. Les symptômes recueillis nous aident à déterminer le point de départ quand cela dérape. » Après les animaux, les bâtiments, le couchage et l’hygiène des logettes, des abreuvoirs et de l’auge sont passés à la loupe « car les problèmes sont toujours multifactoriels ».
La cytologie du lait pour lire dans les cellules
Surtout, Olitys appuie son diagnostic sur une méthode d’analyse très peu vulgarisée : la cytologie du lait. L’idée est d’identifier et de compter les cellules présentes dans le lait. « Grâce à une base de données, nous interprétons les variations des rapports entre les différents types de cellules. C’est un très bon outil de diagnostic. » Au Gaec, les efforts ont d’abord porté « sur les fondamentaux pour que les vaches digèrent bien et fassent plus de lait avec les fourrages ». Dans un système alimentaire basé sur le maïs, « elles avaient tendance à faire de gros repas d’ensilage », se rappelle Éric Minguy. Suivant les conseils, il a haché son fourrage plus grossièrement, « à 17 mm ». Et introduit une distribution de foin avant le maïs ou la sortie au pâturage.
L’ensilage d’herbe a aussi été réintroduit « pour diversifier les sources alimentaires ». Une notion de diversité chère à au conseiller : « On en revient à la digestion. Souvent les flores digestives n’étant pas bien stabilisées, on observe des pics de flores pathogènes ou de parasites. » Chez ses clients, il préconise l’usage d’un noyau minéral spécifique, « chez tout le monde, la même base ». S’il ne livre pas tous les secrets de sa formule, elle contient, entre autres, « des noyaux de plantes et d’algues, des chélates, du sélénium organique, des minéraux très assimilables, du lithothamne, des levures vivantes… » 50 à 100 g de poudre par vache et par jour. Mission : « Dynamiser et favoriser des flores digestives diversifiées, leur créer des conditions favorables. Occuper le terrain pour ne pas laisser d’espace aux germes pathogènes. »
De l’air et de la lumière sans courant d’air
En 2013, le cabinet de conseil, qui intervient aussi sur les bâtiments et en géobiologie, a également préconisé d’installer un filet brise-vent dans la stabulation. « Le produit était plus compétitif que du clairevoie. Je n’ai pas hésité », ajoute Eric Minguy. « Depuis, il y a moins d’odeur et plus de lumière. Les vaches ont presque la sensation d’être dehors. » confirmer. »
Frais vétérinaire et reproduction en baisse
Une fois l’alimentation revue, les animaux ont retrouvé peu à peu la forme. « Moins de pathologies et de cellules, une meilleure reproduction… Seul pour gérer un volume de 700 000 L de lait et une vie de famille, je dois viser le zéro faute. Aujourd’hui, ce n’est plus comme avant. Je viens aux vaches avec le sourire car il y a moins de problèmes, de traitements individuels chronophages… Je ne perds plus de temps », raconte Éric Minguy. Mais celui-ci apprécie aussi l’autre effet du recadrage. « Ce n’était pas le but premier, c’est simplement la conséquence : les progrès se voient aussi dans les chiffres. » Entre 2011 et 2014, les frais vétérinaire sont passés de 6,9 à 2,3 € / 1 000 L ; les frais de reproduction de 8,2 à 4,7 € / 1 000 L ; l’efficacité alimentaire a progressé… « Le bilan économique affiche plus de 30 €/1 000 L en plus depuis 3 ans. Désormais, j’attends avec une certaine impatience les résultats comptables en avril et le bilan reproduction en septembre pour mesurer ce qu’on a gagné au global », confie-t-il pour conclure. Toma Dagorn