Dans un contexte économique difficile pour le secteur de l’élevage du Grand Ouest, le Space s’est tenu dans une ambiance relativement calme et le commerce ne semble pas avoir été perturbé.
Sécheresse, surproductions laitière et porcine, cours en baisse et maintenant fièvre catarrhale ovine, le secteur de l’élevage subirait presque les dix plaies d’Égypte. Pourtant le Salon international des productions animales (Space) s’est tenu dans une ambiance très business, et étonnamment calme. Certes, la manifestation, annoncée depuis plusieurs jours de la part des syndicats minoritaires, a fait fuir des éleveurs le jour de l’ouverture, le 15 septembre (la baisse de fréquentation a été estimée à 30 %).
Morosité dans le cochon
L’ambiance était résolument feutrée. « Les gens savent ce qu’ils veulent, les discussions sont très professionnelles », expliquait-on à la Cooperl. Mercredi, le salon a enregistré 1 000 visiteurs français de moins que ce qu’attendaient les organisateurs. Le jeudi est traditionnellement le jour du porc, au Space ; dans le hall 8 consacré au cochon, les stands étaient moins animés qu’à l’accoutumée, et dans les allées, on circulait facilement. « C’est un petit jeudi. Normalement, ici, c’est bondé », confirmait un technicien de la coopérative Nutréa. « Les éleveurs nous ont demandé moins de billets cette année. Il y a une vraie morosité ambiante ». « Il y avait moins de monde », confirme également Aveltis. Une observation qui résonne avec l’annonce du président de l’Inaporc Guillaume Roué : « 10 % des ateliers porcins ne survivront pas à la crise, 10 autres pour cent sont en danger. » Dans les campagnes, « on sent une accélération des cessations de paiement, en porc comme en lait », témoigne quant à lui un technicien d’un groupement costarmoricain. « Une partie des élevages qui étaient en redressement judiciaire il y a deux, trois ans n’ont pas eu d’amélioration. »
De nombreux visiteurs étrangers
Sur les 106 226 visiteurs du Space, 15 042 visiteurs étaient d’origine étrangère, venus de 125 pays, selon Anne-Marie Quémener, responsable communication et international du salon. Un chiffre en hausse de 12,7 % par rapport à l’an passé (118 pays). Elle constate une légère baisse du nombre de visiteurs français, « environ 10 000 de moins », et une baisse du nombre de visiteurs globaux par rapport à l’an passé (-7,4 %). Les entreprises ont affiché un bilan très positif « avec des échanges très fructueux avec les visiteurs étrangers » et de nombreux « plans de commandes signés ». « C’est la première année que nous avons un retour aussi positif », estime-t-elle.
Les laitiers dans l’expectative
Difficile de prendre une température juste de l’élevage Grand Ouest au Space. « Ceux qui viennent sont ceux qui arrivent à voir l’avenir, ce sont ceux qui seront là demain », explique-t-on chez Aveltis. Et ceux-là sont plutôt moroses. « On craint l’hiver, et les années à venir font peur. Nous, ça devrait aller, mais les générations d’après… », explique un éleveur de Seine-Maritime, d’une cinquantaine d’années. Chez les éleveurs laitiers, c’est l’inquiétude qui règne. « Forcément, quand tu te lèves le matin, que tu fais de grosses journées et que tu ne peux pas te payer, témoigne un éleveur du bassin rennais. Mais je pense que ça va remonter, c’est international, la consommation chinoise a baissé, l’embargo russe n’a pas aidé. Faut pas être pessimiste à tout-va ». Et son voisin d’étayer : « Les gens n’ont pas le moral, il ne faudrait pas que cela dure trop longtemps. Dans notre zone, ceux qui ont plus de 50 ans vont se réorienter vers les cultures. » Et pourtant, à la fin de chaque conversation, tous diront qu’il ne faut pas « désespérer », être « excessivement pessimiste ».