Si les différents systèmes de production laitière se valent en termes d’émissions de gaz à effets de serre, la différence se joue sur le stockage du carbone dans les prairies et haies.
L’élevage laitier est source d’émissions de gaz à effet de serre (Ges), dus pour 50 % à la fermentation entérique, pour 31 % à la gestion des effluents et du sol, et pour 20 % aux intrants. « Globalement, l’empreinte carbone/L de lait corrigé est sensiblement la même quel que soit le système de production : herbager, maïs… », a souligné Catherine Brocas, de l’Institut de l’élevage, lors d’une soirée organisée par l’Adage 35 « Quel impact de mon élevage laitier sur le changement climatique ? ». Par contre, « quand on intègre le potentiel de stockage du carbone lié aux prairies et aux haies, les systèmes avec peu de maïs affichent une empreinte carbone inférieure. »
Le stockage, un phénomène complexe
Le mécanisme de stockage du carbone reste très compliqué à appréhender, il diffère selon le type de sol, l’âge des prairies, l’humidité… Toutefois, maintenir des prairies productives et plus pérennes est un levier pour réduire les Ges, avec des espèces multiples qui permettent de mieux gérer la sécheresse. Les légumineuses sont aussi un atout. D’autres solutions existent, comme la couverture des fosses, l’enfouissement au champ des déjections, la réduction des concentrés et intrants, des rations adaptées, une bonne production laitière obtenue via une gestion optimisée du sanitaire, de la reproduction…
Porté au niveau national par l’Institut de l’élevage dans le projet Life Carbon Dairy, Cap2Er est un outil permettant d’évaluer sur les exploitations laitières les émissions de gaz à effet de serre, le stockage de carbone, la contribution à la biodiversité. Six régions pilotes sont investies dans ce projet qui vise à sensibiliser 4 500 élevages laitiers en France d’ici fin 2015. Le but est de réduire les émissions de la production laitière de 20 % à échéance dix ans, soit l’équivalent de 139 760 tonnes de CO2.
Écologie rime avec économie
Marcel Tuaux, éleveur à Montours (35), a testé le diagnostic Cap2Er sur sa ferme. Le poids du méthane est plus important sur cette exploitation qui n’a que peu d’intrants. Réduire l’âge au vêlage pourrait être un levier supplémentaire. « Mais je ne le souhaite pas, car les génisses sont nourries à l’herbe. Je préfère qu’elles aient une taille correcte à l’insémination », note l’agriculteur. Globalement, la démarche est bien accueillie chez les éleveurs car plus une exploitation est économe en carbone, plus elle est rentable. Autre point : comme le soulignent certains producteurs, le gaspillage, évalué à au moins 30 % de la production de nourriture, serait un autre levier efficace dans la lutte contre le réchauffement. Agnès Cussonneau