Les élus à la Chambre régionale d’agriculture de Bretagne (Crab) ont tenu à communiquer sur le contexte toujours plus fragilisé de la filière.
L’action pour remonter le prix cet été a redonné un peu de souffle aux éleveurs porcins. « Obtenue dans la douleur, cette augmentation a eu le mérite de mettre en évidence ce dont les producteurs ont besoin pour dégager un revenu et investir pour moderniser leur outil », notent les élus à la Crab. Un apport d’oxygène de courte durée. Pourquoi ? « Parce qu’au final, le prix définitif, c’est quand tout est vendu. C’est là que le bât blesse, et c’est au MPB que la crise profondément structurelle de la filière s’est exprimé. »
La filière joue son avenir
Pour les responsables bretons, trois faiblesses saillantes explosent au grand jour :
- Le manque de compétitivité du bassin régional face aux bassins en développement (Allemagne, Espagne). « Sur ce point, l’État doit prendre ses responsabilités dans ses choix de politique économique, sociale, fiscale, environnementale, sur l’étiquetage et la mise en valeur des produits français. »
- La profonde transformation du positionnement des acteurs de la filière, avec une place croissante de la distribution dans l’abattage et la transformation. « Dans ce paysage agro alimentaire, les producteurs peuvent-ils rester indépendants ou sont-ils en train de devenir des sous-traitants, n’ayant plus prise sur la formation du prix de leur production ? », s’interrogent les élus.
- « La place du marché des pièces dans la formation du prix qui interroge le MPB dans son rôle et son fonctionnement ».
Pour Jacques Jaouen, président de la Crab, « l’heure n’est plus aux atermoiements, ni au renvoi de responsabilités. C’est maintenant que la filière joue, avec l’ensemble de ses acteurs, sa capacité de rebond, sa capacité à rester un bassin de production d’avenir. » Dans cette perspective, l’enjeu est de préserver l’essentiel de l’intérêt d’un mécanisme de fixation des prix, « un MPB modernisé sur lequel il faut débattre sans tabou ni nostalgie, et une stratégie de filière ». Objectif : Aboutir à un prix « le plus juste possible », permettant à tous les maillons de percevoir une partie de la valorisation finale, issue de tous les segments de marchés.
La distribution compte les points
Ces démarches collectives, « et désormais incontournables », pour une organisation efficientes géographiquement, en terme de segmentation, de cahier des charges relèvent « de la responsabilité des acteurs, au premier rang desquels les groupements et les coopératives ». La Crab réaffirme son attachement à « une référence, à un système de cotation transparent reflétant les différentes valorisations ». Elle exhorte les représentants des groupements de producteurs à « dépasser des clivages stériles, à se grouper dans l’intérêt des éleveurs, pour peser face à un aval concentré et une distribution présente dans l’abattage et qui compte les points ».
Dans l’urgence, « et puisque le prix final n’est connu que quand tout est vendu et a trouvé une valorisation », une piste basée sur un système de péréquation doit être « rapidement étudiée pour traiter le problème des porcs qui tardent à sortir des élevages et mettent certains éleveurs dans de grandes difficultés techniques et économiques ». Réfléchir à des démarches contractuelles, à des formes de régulation privée au sein de la filière… « L’organisation de notre filière doit évoluer en conservant ses fondamentaux : transparence sur la fixation du prix pour une équité des éleveurs atomisés, capacité à peser collectivement sur la mise en marché… pour trouver la juste voie entre indépendance à tous crins au risque de l’affaiblissement définitif et sous-traitance sans capacité de décider. C’est la part de responsabilité qui nous revient, acteurs professionnels responsables, pour un sursaut collectif au service des actifs agricoles et agroalimentaires de notre territoire. »
