Des paysans congolais visitent des fermes bretonnes

ferme-bretonne-paysan-congolais-antoine-banga-jean-philippe-ndandou-jean-louis-le-normand-confederation-paysanne-56 - Illustration Des paysans congolais visitent des fermes bretonnes

Ils sont 6 et visitent, en binôme, des fermes dotées d’ateliers de transformation des produits agricoles. Chez eux, c’est la conservation des denrées qui pose problème.

Pas de doute. À voir les photos des parcelles de légumes d’Antoine et de Jean-Philippe, au Congo Brazzaville, on imagine le potentiel des terres, bien arrosées huit mois de l’année. La production, très peu mécanisée (la houe est l’outil principal), est abondante. Les planches de choux, d’oignons, de courges et de tomates rivalisent avec la production fruitière : ananas, mangues ou agrumes. Alors que viennent faire ces paysans congolais, pendant deux semaines, au pays des vaches et des cochons ? « Nous voulons voir comment vous êtes organisés, comment vous travaillez collectivement. Nous souhaitons également aborder des points techniques, tels que la transformation et la conservation des produits ou encore la mécanisation », répondent de concert les deux agriculteurs en visite chez des paysans morbihannais. Tous deux ont de la bouteille et une bonne formation générale et technique. À l’approche de la cinquantaine, ils font vivre leur famille sur deux hectares chacun, après avoir tenté, en vain, il y a quelques années, de faire valoir leurs diplômes en ville. De retour dans leurs villages respectifs, à 250 km de Brazzaville, ils ont créé, avec d’autres paysans, une coopérative agricole. C’est cette coop qui est en relation avec la Confédération Paysanne grâce à l’initiative d’élus de la métropole de Rennes.

Du poulet et du whisky

Antoine et Jean-Philippe visitent une ferme par jour. « Nous avons assisté à un chantier d’ensilage en Cuma. Ce n’est évidemment pas transposable chez nous, mais nous nous intéressons à l’organisation ». Ils ont également visité un magasin de motoculture avec des outils plus abordables et plus utiles pour eux. Ils s’intéressent plus particulièrement au maraîchage biologique. « Les intrants sont trop chers chez nous. » Antoine envisage de créer un atelier de volaille de chair. « Du poulet local » après avoir développé une production de whisky « local également » qu’il écoule très facilement, selon ses dires. La visite d’une distillerie artisanale est au programme.

Ateliers de transformation

Leurs collègues congolais visitent des fermes dans les autres départements bretons. Ils se focalisent sur les ateliers de transformation. « Toute la production d’une espèce végétale arrive au même moment à maturité. Comme nous n’avons pas d’infrastructure pour la conserver ou la transformer, nous n’avons pas d’autre solution que de brader nos produits frais sur les marchés locaux ». Un véritable gâchis ; l’électricité leur offre pourtant des perspectives intéressantes. Les Congolais repartiront chez eux dans une semaine avec des films vidéos, des semences de nouveaux légumes et quelques idées. « Nous devons accroître notre rentabilité pour offrir un avenir à nos enfants ». Nombreux, il est vrai. Huit pour Antoine, neuf, pour Jean-Philippe. Certains d’entre eux sont également diplômés mais sans emplois. L’agriculture et l’agroalimentaire pourraient être, pour eux aussi, une bonne solution. Bernard Laurent


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