Investir dans la production de poulet

aviculture-poulet-surface-production-demande - Illustration Investir dans la production de poulet

Les opérateurs de la filière poulet manquent de surfaces de production pour répondre à la demande.

Contrairement aux filières lait et porc actuellement en crise, la filière volailles donne plutôt des signes de bonne santé. Globalement, la production est en progression de 1,5 % par rapport à 2014. Dans le détail, c’est la production de poulet qui progresse (+3,2 %), notamment en grand export, tandis que la dinde recule (-2,6 %). Toutefois, ce recul en dindes est paradoxalement un signe de bonne santé, explique la filière. Il est dû à la fois au transfert de bâtiments de la dinde vers le poulet, très dynamique, mais aussi à la forte demande d’œufs de dindes à couver à destination des États-Unis, où la production est touchée par l’influenza aviaire. Résultat : la dinde française est en « sous-production » par rapport aux besoins, ce qui a occasionné la baisse de consommation (-6%) observée en 2015, estime le délégué général du Cidef Gilles Pottier. En poulet comme en dinde, les opérateurs sont en manque de surfaces de production chez les éleveurs. La consommation de poulet a augmenté de 3 %, et le dynamisme de la production française n’a pas été suffisant pour contenir l’augmentation des importations (+5,6 %).

+5 ct €/ kg vif

« Un investissement dans un bâtiment pour la production de poulet standard, pour environ 1,2 million d’euros, ne rémunère que 20 000 euros par an pendant la période de remboursement », explique le président de la Confédération française de l’aviculture (CFA), Jean-Michel Schaeffer. Trop peu selon lui, au regard des montants investis. « Techniquement, les producteurs n’ont vraiment pas le droit à l’erreur ». Aussi, la CFA demande aux industriels un relèvement des prix des volailles afin de faire face aux investissements de modernisation des élevages. « Pour maintenir une production de volaille compétitive en France, explique la CFA, il est indispensable de renouveler notre parc de bâtiments dont l’âge moyen est de plus de 20 ans. » Les producteurs estiment qu’ils ont besoin d’une augmentation de 5 centimes d’euro le kg vif de volaille à la production.

Un potentiel de gains de productivité

L’Itavi a mis en évidence le potentiel significatif de progrès dans la production de poulet standard (marchés de la restauration hors domicile et des produits transformés), au travers de scénarios d’évolution technique inspirés par les pratiques allemandes. « Si nous combinons tous ces investissements, on peut améliorer jusqu’à 7 % le coût de production du poulet vif », estime Léonie Dusart, de l’Itavi. Les économistes de l’Itavi proposent de produire des poulets plus lourds et d’adapter l’ensemble de la filière française à cette évolution : de l’abattage, plus tardif, aux barquettes des supermarchés, plus adaptables. « En Allemagne, le poids du morceau de blanc n’est pas le même en fonction des barquettes », explique-t-on à l’Itavi. Pour l’heure, « on manque de cohésion dans la filière. Tout le monde sait ce qu’il faut faire, mais personne ne s’engage », estime Léonie Dusart. L’étude de l’Itavi doit permettre à chaque entreprise de simuler le changement, et de mesurer les gains potentiels.

Une filière qui a besoin d’investir

De nombreux investissements sont en cours chez les principaux opérateurs pour réinvestir le marché du poulet transformé, où se situe la croissance du marché et où les concurrents européens sont les plus présents. « Il y a des besoins d’investissement en fermes de reproduction, en couvoirs, en mécanisation dans les usines », énumère G. Le Pottier. Trop peu de projets sont en cours, estime la filière, qui dans un communiqué du 17 septembre observe que ces investissements « font défaut en France, d’où une compétitivité moindre, pénalisée par le coût de la main-d’œuvre et les charges grandissantes ». Une étude a d’ailleurs été présentée par l’Itavi le 16 septembre, qui compare les coûts de production des différents pays producteurs européens pour le poulet de chair. Pour un coût de production fixé à un indice 100 en Allemagne, le coût de production français est de 102 sortie élevage (91 en Pologne) et 107 sortie abattoir (94 en Pologne). « L’offre française est très diversifiée, nuance un responsable de la filière. Et nous avons un prix moyen de vente au consommateur lié à cette spécificité ».


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