Due à de multiples raisons, objectives et subjectives, mécaniques et organisationnelles…, la surcharge au travail est un véritable enjeu en agriculture aujourd’hui. Des solutions existent.
« Les accidents et maladies professionnelles sont globalement en baisse en agriculture, mais ce n’est pas le cas au niveau des femmes. De plus, les problèmes de santé liés au travail sont aujourd’hui plus graves », a cadré Gwénaëlle Guillet, conseillère en prévention des risques professionnels à la MSA, lors de la journée départementale organisée par le groupe Agriculture au féminin, le 13 octobre à Rennes.
Difficultés liées au collectif, à la surenchère administrative…
C’est le thème de la surcharge au travail qui a cette année été mis en exergue. Stress, manque de sommeil, énervement, l’impression que tout va trop vite, de ne plus y voir clair… Il est alors temps d’agir. Au travers de conférences, débats, théâtre-miroir, la journée a permis aux participantes de trouver des clés. « Le travail englobe différents aspects : les conditions de travail, la pénibilité physique, la quantité de travail d’astreinte… Il prend aussi en compte la notion de collectif, de partage des responsabilités, la communication, la place de chacun. Un enjeu qui joue sur la motivation », continue Véronique Vannier, conseillère en relations humaines à la Chambre d’agriculture. « Il y aussi la question du “pourquoi” du travail, quel cap, quelles orientation à long et moyen terme, la cohérence avec les valeurs de l’entreprise. On parle aussi de vivre le travail, du bien-être, de la charge mentale, de ses compétences, de ses aspirations… »
Une surcharge de travail physique est souvent ressentie lors des pics de travaux (ensilage, week-ends à travailler seul…), si les astreintes sont trop longues… La surcharge mentale est couramment liée à l’augmentation de l’administratif, aux contrôles et aux enjeux propres à l’activité agricole (vigilance sanitaire…). Mais qu’est-ce que la santé au travail ? « C’est une dynamique de construction du bien-être physique, psychique et social. Elle ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité », souligne Gwénaëlle Guillet. Et de préciser : « La santé au travail se joue lors de la conception du travail et de son organisation. La mise en place d’environnements favorables dans l’exploitation contribue positivement à cette dynamique utile à sa performance. » Être chef d’exploitation présente la particularité de regrouper beaucoup de métiers différents qui peuvent dire des choses contradictoires. « L’économique peut parfois trop prendre le dessus, les notions d’humain et de santé font partie des enjeux d’une exploitation. » Agnès Cussonneau
L’avis de Gwénaëlle Guillet, conseillère en prévention des risques professionnels à la MSA
Les exigences trop fortes, le manque de soutien, d’autonomie, l’incertitude sur l’avenir… peuvent entraîner des conséquences sur la santé (santé mentale, maladies cardiovasculaires, mal-être…). Avant d’en arriver à une détérioration de la santé – auquel cas il faut aller voir le médecin pour se soigner, prendre du recul – une prévention secondaire peut être mise en place pour apprendre à mieux gérer son stress. En amont, la prévention primaire consiste à supprimer le risque à sa source. Elle vise à réduire ou éliminer les facteurs de risque présents dans l’organisation.
[caption id= »attachment_8367″ align= »aligncenter » width= »300″] Gwénaëlle Guillet, conseillère en prévention des risques professionnels à la MSA[/caption]
Des pistes pour davantage de bien-être
« Il faut commencer par réfléchir sur son travail, mettre des mots derrière la surcharge perçue, en allant jusqu’au bout. Dire pourquoi je suis fatigué, stressé… », précise Gwénaëlle Guillet. Des solutions existent telles que le recours à de la main-d’œuvre extérieure : service de remplacement, mise en pension des génisses, salarié, ETA, Cuma… « Mon mari pratique régulièrement l’entraide avec un voisin, moralement cela fait du bien », témoigne une agricultrice. « Pour nous donner du temps, nous avons embauché un salarié un jour/semaine. Cela n’a pas été facile, notamment par rapport au regard extérieur, mais nous sommes satisfaits », exprime une autre. La réduction du travail d’astreinte ou de saison peut aussi se faire grâce à la simplification : mode d’alimentation, fréquence de traite, aménagements, équipements, achat de fourrages, simplification des conduites de cultures…
Sur le plan administratif, on peut se faire conseiller pour apprendre à classer les documents et y voir plus clair. L’organisation du bureau physique (cadre agréable) et numérique (ranger efficacement) sont d’autres enjeux. La circulation de l’information (orale et écrite) compte dans le travail à plusieurs. Des outils, des études, des formations existent pour aider les agricultrices, auprès de la Chambre d’agriculture notamment.