La ferme de Keroudy de Milizac (29) transforme une bonne partie de ses produits, avec un équipement qui limite les tâches difficiles.
La distribution de la production en circuits courts se développe dans les campagnes. C’est le cas en transformation laitière, même si la région a peu de tradition fromagère. En 2015, ce sont 220 producteurs laitiers, tout lait confondu, qui valorisent leur produit brut. « C’est un phénomène récent : 150 installations ont été enregistrées lors des 10 dernières années », chiffrait Élodie Joubert, présidente de la commission circuit courts à la Chambre d’agriculture du Finistère lors de la 5e édition des « Rendez-vous circuits courts – accueil à la ferme », qui s’est tenu au début du mois dans 4 exploitations de la région. Dans le Finistère, c’est la Ferme de Keroudy qui a ouvert ses portes aux visiteurs.
S’équiper petit à petit
Pour Solenn Milin, gérante de la ferme de Keroudy, l’équipement nécessaire à la fabrication est venu au fur et à mesure garnir l’exploitation. Elle a démarré son activité de transformation en 2005 avec le strict minimum au niveau matériel, et des volumes peu comparables à ceux traités aujourd’hui. « Nous transformons 200 000 L de lait sur les 950 000 que produit la ferme. Nos différents produits alimentent restaurants, drive fermier, épiceries, ainsi que le magasin de vente directe de l’exploitation. Il regroupe les marchandises de 30 producteurs, sur une surface de vente de 140 m2, avec un atelier de découpe de viande », décrit la jeune gérante. 6,5 UTH assurent dans l’exploitation la production, la transformation et la vente des denrées alimentaires. Face à des crises successives et des incertitudes qui pesaient sur les prix, elle a choisi de continuer la démarche entreprise par son père, « qui livrait déjà du beurre à Brest. Je maîtrise mes prix de vente, tout en pouvant échanger avec mes consommateurs ». Au démarrage de l’activité, Solenn Milin travaillait avec des volumes de « 30 à 40 000 L de lait. Je fais cette année 4 fois plus de volume en trois fois moins de temps, le tout avec plus de plaisir au travail.
Sous-traiter le nettoyage
Autre exemple de simplification des tâches, celui de Valérie Guillermou, de la Ferme de Kerheu, à Briec (29). Dans cette exploitation, le nettoyage de l’atelier de transformation a été délégué. « Le nettoyage est un métier à part entière, qui est contraignant en fin de journée. L’entreprise spécialisée passe 2 fois 2,5 heures par semaine pour nettoyer les sols, murs et plafond, ce qui engendre moins de stress et une diminution de la charge de travail. J’ai plus de temps pour surveiller mes vaches. Faire appel à une entreprise extérieure permet d’être plus exigeant vis-à-vis des tâches réalisées. Attention toutefois : c’est toujours le producteur qui reste responsable en cas de problèmes », insiste-t-elle.
Moins de temps et de pénibilité
J’ai investi dans un lave-vaisselle professionnel, qui me permet de gagner 4 heures de travail par semaine. Ramené au coût de main d’œuvre, c’est une économie de 4 000 €/an qui est réalisée depuis 10 ans », chiffre la productrice. Tout est conçu pour limiter le port de charges lourdes dans le laboratoire de fabrication. Ainsi, une cuve à fromage de 550 L a remplacé un tank de 250 L. « Il assure un décaillage régulier, et un rendement fromager supérieur de 15 % ». Un ingénieux système de lactoduc dirige le lait écrémé vers un tank dédié, et le lactosérum est stocké dans un autre bac, serviront à nourrir le cochon. Avec ce système de circuit de tuyauterie spécifique, plus de sorties du laboratoire, plus de tuyaux à même le sol.
Fanch Paranthoën