Bulle d’air magique au cœur de la Bretagne, la forêt de Brocéliande attire de nombreux visiteurs. Les conteurs y font vivre les légendes.
Au pied des arbres, les fougères ont pris des couleurs dorées. Bientôt toute la forêt se fera automnale, les chants d’oiseaux seront moins fréquents, les nuits plus longues, les journées plus fraîches… Brocéliande laissera alors davantage la place à ses légendes et croyances. Et au détour d’un chemin, le visiteur apercevra peut-être une fée ou un troll. Qui sait ce que réserve cette forêt magique…
Une vingtaine de conteurs
Brocéliande ne s’offre pas d’emblée, il faut prendre le temps de l’observer, de la ressentir, et d’y écouter les conteurs qui soufflent les légendes de la forêt, racontent des histoires pour rire, frissonner ou rêver. Ils sont une vingtaine au total, certains sont également chanteurs ou musiciens. Guillaume emmène les visiteurs « sur des chemins tortueux, sur les traces des chevaliers de la Table ronde : Lancelot, Perceval, et évidemment Arthur… » Marie Tanneux aime aussi raconter des histoires en balade ou à la tombée de la nuit, recréant « le rituel chaleureux et merveilleux des veillées d’autrefois. Les contes sont source de vie, ils nous disent, nous racontent », pense-t-elle. Le Centre de l’Imaginaire Arthurien propose aussi la découverte des différents sites de la forêt avec un guide conteur…
[caption id= »attachment_9285″ align= »aligncenter » width= »300″] Louis-Mickaël Grall, directeur de l’Office de tourisme de Brocéliande.[/caption]
Maintenir cette tradition orale est une des volontés de l’Office de tourisme de Brocéliande, basée à Paimpont. « Des visites guidées en groupes existaient déjà. En 2015, nous avons mis en place des balades contées quotidiennes pour les individuels, possibles des vacances de février jusqu’au 11 novembre environ. C’est une attente forte des gens qu’on leur raconte Brocéliande », explique Louis-Mickaël Grall, directeur de l’Office de tourisme.
Plus de 300 km de boucles de randonnées
De nombreux sites renommés sont disséminés sur la forêt de Brocéliande (dénommée forêt de Paimpont) qui s’étale sur 7 500 ha, à 90 % privés. Elle est complétée par 5 000 ha inaccessibles au sud, sur le terrain militaire de Saint-Cyr Coëtquidan. Sur le territoire, environ 400 personnes travaillent plus ou moins en lien avec le tourisme, activité importante aux côtés de l’agriculture et de la forêt. On peut circuler en voiture, en car affrété par l’Office de tourisme, puis à pied, vélo, cheval en restant sur des sentiers balisés. Plus de 300 km de boucles de randonnées permettent de découvrir les menhirs, les édifices historiques, la flore, la lande…
Mais avant de se lancer, on pourra passer par la Porte des secrets, scénographie abritée dans les anciennes dépendances de l’abbaye de Paimpont (à côté de l’office de tourisme). « Nous avons créé cette animation en septembre 2012 pour permettre aux visiteurs de plonger dans les légendes et la vie de la forêt, de mieux les comprendre. » Le personnage Pierre, garde-forestier de père en fils en Brocéliande, fait découvrir son univers. Dans son atelier, des boîtes, petits théâtres miniatures, racontent un site ou une anecdote. Certaines légendes sont retracées, en particulier celle du Chêne à Guillotin, un chêne creux de plus de 1 000 ans qui mesure 9,65 m de circonférence et 20 m de haut. Son nom vient de l’Abbé Guillotin, né en 1750 à Concoret, qui se serait caché au creux de cet arbre pendant la Révolution.
Des lieux légendaires
Parmi les sites les plus renommés de la forêt, les visiteurs pourront se rendre à Tréhorenteuc pour parcourir le circuit du Val sans Retour, avec le Miroir aux fées et l’Arbre d’or, et qui offre une vue en hauteur sur la forêt. La légende raconte que la fée Morgane, sœur du Roi Arthur, trahie par son amant, aurait jeté un sort sur cette vallée rendant tous les hommes infidèles prisonniers d’elle… À Tréhorenteuc également, l’église restaurée par l’Abbé Gillard à partir de 1942 mêle la religion catholique à la légende arthurienne et à la tradition celtique. Autre site réputé, la Fontaine de Barenton est un lieu aux nombreuses légendes, en particulier la rencontre entre la fée Viviane et Merlin l’enchanteur. Le château de Comper, avec son lac, est aussi un des principaux sites légendaires de Brocéliande.
Deux siècles de forges de Paimpont
La vie dans la forêt, les cerfs, les sangliers, les écureuils est aussi racontée. Les loups n’y sont par contre plus présents depuis le XIXe siècle. L’histoire des Forges de Paimpont, créées en 1653, est retracée. Car à Brocéliande on trouve du minerai de fer, de nombreux étangs et sources, et des arbres pour la fabrication de charbon de bois. Pendant deux siècles, le fer a fait vivre une large population dans la région. Le site historique se visite aujourd’hui. De nombreux autres lieux tels que l’abbaye de Paimpont, le tombeau de Merlin, le jardin aux Moines sont présents sur le territoire. Brocéliande se découvre sur la durée… Agnès Cussonneau
Pour en savoir plus
- Contact : Office de Tourisme de Brocéliande, place du Roi Judicaël, 35380 Paimpont – Tél : 02 99 07 84 23.
- Site internet : http://tourisme-broceliande.bzh/
- À lire : « Contes et légendes de Brocéliande », de Claudine Glot et Marie Tanneux, Ed. Ouest-France.
- Et de Claudine Glot également : « Hauts lieux de Brocéliande », Ed. Ouest-France.