Endettement important, réglementations en tous genres, étrangers à la fixation des prix de leurs produits, les agriculteurs semblent de moins en moins autonomes. À l’inverse de leurs concitoyens….
« L’autonomie est très valorisée dans la société actuelle. Aux États-Unis, comme dans les pays anglo-saxons, il y a de moins en moins de salariés ; les personnes sont incitées à se mettre à leur compte (autoentrepreneurs) ou à travailler sur des missions bien précises », indique Jacques Fischer-Lokou, enseignant-chercheur en sociologie à l’UBS. « C’est une source de motivation. Surtout pour les gens qui ont une forte compétence. Un peu moins pour les autres ». Les agriculteurs semblent à contre-courant de cette tendance. « Les enquêtes montrent qu’ils sont dépendants des cabinets de gestion ». Sur-investissements, dettes, réglementation et charges administratives entraînent une perte d’autonomie. Et que dire des prix de vente de leur production, souvent fixés à des kilomètres des exploitations… Ce manque d’indépendance, parfois synonyme de soumission, peut conduire à de la frustration.
La perception de la médiation en chiffres
- 27 % des associés admettent avoir eu des problèmes de relation au sein du Gaec.
- 75 % des agriculteurs jugent la médiation utile (après intervention d’un médiateur).
- 87 % ont pris de nouvelles mesures (organisation du travail, réunions, règlement) après médiation.
- 87 % jugent le coût de la médiation raisonnable.
- 80 % préfèrent avoir un médiateur agriculteur.
De l’autonomie au sein des Gaec ?
À l’échelle des sociétés agricoles où les bonnes relations humaines sont primordiales, le manque d’autonomie d’un ou de plusieurs des associés peut conduire aux conflits. « Dans une équipe, un associé peut reporter sa frustration sur les autres pour s’en libérer ». Avec, rapidement, de la réciprocité… « De plus, l’être humain retient, d’une manière générale, bien plus les éléments négatifs que positifs.
L’importance des échanges au sein du Gaec
Les enquêtes réalisées par les étudiants en DUT à l’UBS depuis 2007 ont permis de mettre en évidence qu’un bon niveau d’échanges dans les sociétés agricoles est un facteur de réussite. Les sociétés qui fonctionnent bien au niveau relationnel ont au moins 2 réunions par mois. Leurs associés suivent plus de formations aux relations humaines que leurs collègues de sociétés qui ont connu des conflits en interne. Ils se sentent moins contraints dans leurs choix, plus autonomes. Ils ont une meilleure perception du travail de leurs collègues. Globalement, dans ces sociétés, les décisions sont prises plus collectivement.
Une caractéristique bien compréhensible ; elle donne un avantage dans l’évolution de l’espèce en lui épargnant des soucis ». L’enseignant-chercheur conseille d’avoir recours à une médiation lorsque les situations s’enveniment. « Il faut alors créer un nouvel espace de rapport d’autonomie dans le Gaec ». Les interventions extérieures sont malheureusement trop souvent tardives. Bernard Laurent