L’amélioration du coût de production en poulet de chair passe par une modification des caractéristiques nutritionnelles des aliments, l’alourdissement des volailles et la rénovation ainsi que la construction de bâtiments, selon l’Itavi.
« Il y a 2 ans, lors du Space, les aviculteurs manifestaient pour dénoncer la crise profonde que traversait la filière. À ce moment- là, nous avons décidé de lancer une étude afin de trouver des leviers pour améliorer la compétitivité des filières de production de poulets de chair », déclare Anne Richard, directrice de l’Itavi. L’institut technique avicole (en collaboration avec la Chambre régionale d’agriculture de Bretagne) constate qu’après l’an 2 000 la production de volailles baisse en France alors que la consommation augmente. « 40 % de la consommation de volaille en France est importée. Nous avons identifié plusieurs causes, tout d’abord des coûts de production plus élevés avec une différence accentuée en sortie abattoir. L’environnement réglementaire est plus contraignant en France que dans d’autres pays européens. Les outils (élevages et industriels) sont plus petits et vieillissants, l’élevage moyen en France est de 30 000 têtes, au Royaume-Uni, il se chiffre à 90 000 têtes. Les relations entre les différents maillons de la filière sont compliquées », analyse Isabelle Bouvarel, de l’Itavi.
Raisonner au niveau de la filière
Selon l’étude, la maîtrise des coûts de production passe par des investissements dans les outils, une économie d’échelle dans les élevages, les industries et un raisonnement global au niveau de la filière. « Dans la méthode, nous estimons un coût de production en considérant l’ensemble de la filière. Ensuite, nous simulons les modifications du coût de production suite à différentes stratégies pour identifier des pistes de progrès intéressantes en termes de compétitivité », décrit Léonie Dusart, de l’Itavi. La stratégie est de trouver la bonne combinaison entre les facteurs génétiques, aliment, bâtiments, équipements, gestion du chargement, desserrages, rotations et poids à l’abattage.
[caption id= »attachment_9225″ align= »aligncenter » width= »300″] Un défit de compétitivité.[/caption]
L’alimentation, une des clés de la réussite
Après plusieurs hypothèses, les ingénieurs de l’institut technique avicole estiment que l’amélioration des coûts de production passera par l’alimentation, l’alourdissement des poulets et la rénovation ainsi que la construction de bâtiments. « La modification des caractéristiques nutritionnelles des aliments permet d’augmenter les performances zootechniques avec une incidence directe sur l’indice de consommation, le GMQ et les rendements. Même si le prix de l’aliment augmente, l’effet est bénéfique. Le choix d’alourdir les poulets à 2,4 kg avec un détassage à 1,9 kg fait consommer plus d’énergie et d’aliment mais augmente les rendements et optimise le bâtiment.
Enfin, la construction et la rénovation de bâtiment en tendant vers le BEBC facilitent la gestion de l’ambiance qui influe sur les performances zootechniques tout en baissant les charges. Mais pour cela, il faut investir et avoir accès à des crédits. » Selon les estimations de l’Itavi, tous ces éléments réunis permettent de diminuer le coût de production du vif de 6,5 % et celui du filet de presque 16 %. Parallèlement, l’élevage ne dégage pas plus de gaz à effets de serre et 5 % d’économies d’énergies sont réalisées. « L’outil d’aide à la décision que nous avons créé permet d’orienter les choix techniques, susciter des discussions au sein de la filière et appuyer des discussions avec les politiques publiques », conclut la directrice de l’Itavi. Nicolas Goualan
L’avis de Jean-Michel Schaeffer, Président de la CFA
« Nous sommes à la croisée des chemins dans notre filière. Il y a une complémentarité entre les différents modèles de production. Les volailles sous signe de qualité ont leurs débouchés, la volaille standard a aussi sa place sur le marché français. Nous pouvons répondre à la demande de volaille premier prix de la RHD. C’est toute la filière qui a besoin d’investir et pas uniquement les éleveurs, l’aval doit aussi le faire. Nous pouvons faire émerger un vrai projet de filière mais, pour cela, nous avons besoin du soutien des pouvoirs publics pour les investissements à venir. Il faut aussi alléger la partie administrative pour coller au seuil européen pour permettre la concrétisation plus rapidement des projets. »