L’élevage a des atouts pour contribuer à la diminution du réchauffement climatique. Mais les contraintes nécessaires pour réduire la production de gaz à effet de serre n’iront pas forcément dans le sens de l’efficacité économique.
Favoriser les prairies permanentes, modérer la fertilisation, augmenter le pâturage par rapport à la fauche… Il pourra être difficile, dans le secteur de l’élevage, de faire cohabiter les contraintes économiques actuelles avec les nécessaires et indispensables contraintes que demande une moindre émission de gaz à effet de serre. Un constat que reconnaissait le 4 novembre Thomas Turini, chef de projet environnement au Centre d’information des viandes (CIV).
Des prairies, puits de carbone
Dans un environnement économique de plus en plus volatil et fluctuant, l’adaptabilité des systèmes d’élevage reste prioritaire. Pour autant, ce secteur a des atouts face à la problématique des émissions de gaz à effet de serre, notamment dans « le puits de carbone » que représentent les prairies, selon le CIV. En prenant pour exemple la crise de l’élevage, Pierre-Michel Rosner, directeur du CIV, analyse : « Entre retourner quelques prairies ou perdre tout un pan de notre élevage, il vaut mieux accepter quelques retournements », quitte à ne pas être à l’optimum côté gaz à effet de serre… C’est ce juste milieu qu’il faudra trouver, entre économie et environnement, avec ou sans réglementation, mais surtout avec la Politique agricole commune.
Revenir à la méthode face à la multitude de chiffres
Revenir à la méthode, c’est le credo du Centre d’information des viandes (CIV) pour expliquer les différences observées dans les chiffres au sujet de l’élevage et du climat. Deux méthodes aux résultats non comparables ont été prises en compte par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) : respectivement l’analyse par cycle de vie et l’inventaire des émissions directes d’un secteur économique. L’analyse du cycle de vie évalue l’impact environnemental d’un produit (la viande) en relation avec une fonction (nourrir) particulière et tout au long de sa vie. C’est un calcul des émissions directes (élevage) et indirectes (abattage, transport, distribution, transformation…). La méthode du Giec, quant à elle ignore les émissions indirectes. Il est effectué dans un périmètre temporel (souvent une année), géographique (région, département…) et économique (transport, agriculture…).
Les cycles biologiques sont longs
De son côté, Thomas Turini rappelle que le travail des éleveurs « se fait à partir de milieux naturels. On n’est pas dans des process industriels ». Selon lui, avec les gaz à effet de serre, « il faut réfléchir en termes de cycle » et non comme sur une ligne de production avec une entrée et une sortie. Il précise aussi que « l’élevage n’émet pas plus de gaz à effet de serre que les transports ». D’autant plus que les méthodes de calcul à l’origine de cette comparaison ne sont pas les mêmes. Et les cycles du carbone pris en compte non plus (cycle géochimique long pour les transports versus cycle biologique court pour l’élevage).