« J’ai anticipé mon départ 5 ans avant la retraite »

retraite-transmission-exploitation-christian-peron-gilles-bars-eric-touzard-herve-le-floch - Illustration « J’ai anticipé mon départ 5 ans avant la retraite »

Marie-Odile Goudy cède son exploitation de 34 hectares et 365 000 litres de lait à un tiers. Elle témoignait, lundi dernier à Pontivy, dans le cadre de la semaine de la transmission.

A 60 ans, Marie-Odile Goudy cesse son activité en fin d’année. Elle cède son exploitation de Ruffiac (56), en EARL depuis le départ de son mari en retraite, il y a 3 ans. « Je prépare cette cessation depuis 5 ans. J’avais alors participé à une formation sur la transmission qui m’a donné des éléments sur mes droits et sur la fiscalité. J’ai ensuite suivie deux autres formations sur mon projet de vie et sur la stratégie d’entreprise dans laquelle était abordée la manière de transmettre ». Plusieurs scénarios ont été envisagés. « Je souhaitais néanmoins transmettre à un jeune. Nous avons tout fait pour conserver un outil de travail performant, avec des bâtiments et du matériel en état, et un cheptel sélectionné ».

[caption id= »attachment_9943″ align= »aligncenter » width= »300″]Marie-Odile Goudy Marie-Odile Goudy.[/caption]

Quatre candidats à la reprise se sont manifestés en fin 2012, trois ans avant la date prévue de cessation. Les deux premiers, porchers, voulaient simplement le foncier. Le troisième, laitier, ne souhaitait pas reprendre les bâtiments. « Un jeune nous a proposé, au même moment, de reprendre la totalité de la ferme. J’ai réalisé une évaluation économique, ramenée au litre de lait et établi un prix de vente, accepté par le candidat ». Le foncier a été retiré de la vente pour faciliter la transaction. « Les terres seront louées. La banque ne suivait pas pour un achat ». La maison d’habitation, un peu en retrait des bâtiments d’élevage, est conservée par les cédants.

Une réunion avec les partenaires 5 ans avant la date de cessation

Cinq années. C’est l’intervalle-temps que les partenaires (coopératives, centre comptables, banques,…) considèrent souhaitable pour anticiper une transmission. On en est loin. « 50% des cédants s’y prennent seulement 6 mois à l’avance », rappelle Eric Touzard, élu à la Chambre d’agriculture du Morbihan. L’enjeu est pourtant important. Il y a désormais 1 installation pour 3 départs en retraite. Comment faciliter les reprises ? L’ensemble des invités présents lundi dernier à une table ronde sur ce thème, représentants des partenaires, encouragent l’organisation d’une réunion cinq ans avant la cessation d’activité.

Et d’effectuer un suivi durant toute la période. Le réseau Transmission, qui fête sa première année et qui regroupe 23 partenaires a mis en place un dispositif réglementaire : une Dicaa (déclaration d’intention de cessation d’activité), expédiée en 2015 par la MSA à tous les agriculteurs nés en 1957 (58- 59 ans). En 2016, elle l’expédiera aux agriculteurs nés en 1958 et 1959 (3 à 4 ans avant l’âge légal de départ à la retraite). Cette déclaration est à retourner, renseignée, à la Chambre d’agriculture. Elle permettra de repérer les fermes sans successeur, d’informer et d’accompagner les futurs cédants.

Tranquillité d’esprit

Deux ans avant la date prévue du départ, tout était ficelé. « Une vraie tranquillité d’esprit ». Depuis 6 mois, la cédante et le repreneur travaillent en collaboration. « Il a réalisé une période de quelques jours avec moi sur la ferme et revient pendant 15 jours en décembre. Il a assisté à la visite des techniciens de l’Upra et du contrôle laitier. Cette année, c’est lui qui a choisi les taureaux pour les inséminations. J’ai également accepté d’élever les génisses nées en 2015, ce que je ne faisais pas auparavant (élevage des génisses délégué). C’est une charge de travail supplémentaire, une concession faite au repreneur ». L’ensemble du protocole a été écrit noir sur blanc, de manière à formaliser les décisions. Marie-Odile partira en fin décembre, l’esprit tranquille, préparée pour la retraite. Le jeune reprendra une ferme et un troupeau qu’il connait bien. « Nous avons tous deux anticipé cette transmission. Il ne faut pas improviser ! ». Un conseil avisé pour les futurs cédants qui, selon les conseillers à l’installation,  n’anticipent pas assez la transmission. Bernard Laurent


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