La coopérative Even a mené un diagnostic sur 150 exploitations pour mesurer leur impact en termes de production de gaz à effet de serre. Bonne surprise, les résultats sont largement en dessous de la moyenne nationale.
La conférence sur le climat se déroule bientôt en France. Pourtant, les exploitations finistériennes n’ont pas attendu cet événement pour limiter leur impact environnemental. « La démarche déjà entreprise par Agriconfiance demandait à aller plus loin. Les sujets environnementaux ont été pris à bras-le-corps par la région, avec même une certaine avance. Nous souhaitons maintenant progresser encore plus sur les émissions de gaz à effet de serre, ou sur la biodiversité. Dans la pratique, des changements ont déjà été faits, reste à le faire savoir », introduit Roger Nicolas, producteur de lait et administrateur à Laïta. Pour ce faire, la coopérative a diagnostiqué 150 exploitations de façon aléatoire, en regardant de plus près la gestion des déchets, le pâturage, ou encore la présence de haies.
30 données prises en compte
Pour réaliser ce diagnostic, chaque éleveur a été audité sur 30 points de son site de production. « Ces différents points concernaient le nombre d’animaux, l’âge au 1er vêlage, les quantités de céréales auto-consommées ou les consommations d’intrants, que ce soit le fioul, l’électricité ou l’azote minéral. Un calcul a été rendu possible avec ces données pour mesurer la production de gaz à effet de serre, exprimée en kg d’équivalent CO2/ litre de lait corrigé. La moyenne des 150 exploitations visitées se situe à 0,76, soit largement en dessous de la moyenne nationale chiffrée à 1 kg », résume Ronan le Bras, administrateur chez Even chargé de questions environnementales. Cette différence de moyenne répond aux objectifs du Life Carbon Dairy, plan mis en place pour la production laitière qui vise à diminuer l’empreinte carbone de 20 % d’ici 10 ans.
[caption id= »attachment_10377″ align= »aligncenter » width= »300″] L’eau tiède du prérefroidisseur est stockée dans un ancien tank, avant d’être acheminée jusqu’aux pâtures.[/caption]
Le temps des cerises
Hervé Loussaut fait partie des exploitations diagnostiquées. Installé à Plouégat-Guérand à l’EARL des Cerisiers, il se sent engagé dans la démarche. « Les questions environnementales sont trop souvent associées à des contraintes. J’ai au contraire une vision positive de ces efforts, qui sont même facteurs de revenu supplémentaire. En avançant le vêlage des primipares à 24 mois, c’est 200 à 300 € d’économies. Le pâturage se fait ici 300 jours par an, les vaches étant à l’étable seulement en décembre et janvier. Le troupeau est composé de vaches croisées, plus rustiques et moins lourdes pour répondre au système pâturant. Les couverts végétaux de ray-grass d’Italie sont ensilés, les mélanges de RGA/trèfle blanc limitent la fertilisation minérale. Au niveau de la ration, j’utilise le minimum de concentré, à raison de 600 kg par an pour 100 vaches laitières », explique le producteur.
D’autres leviers sont utilisés sur le site de production, comme des logettes avec matelas pour limiter la consommation de paille, l’utilisation d’halogènes basse tension pour éclairer les bâtiments, ou encore le recyclage des eaux de lavage de la salle de traite pour nettoyer les quais, soit une économie de 400 litres par jour. Au final, le bilan de l’exploitation diagnostiquée est de 0,70 kg eq CO2/ L de lait. La nouvelle salle de traite de 2 x 16 postes simple équipement installée l’hiver dernier en remplacement d’une 2 x 5, dégage du temps à l’éleveur ainsi qu’à son fils Adrien, salarié : « Nous avons gagné 3 h par jour, ce qui dégage de la main-d’œuvre et diminue les consommations d’électricité », constate le gérant. Sans être coercitive, la démarche se base sur le volontariat des producteurs qui reçoivent ainsi un diagnostic pédagogique. Fanch Paranthoën