Le gouvernement a détaillé le 26 octobre la nouvelle version d’Écophyto, incluant les certificats d’économie de produits phytosanitaires, système critiqué par les professionnels.
Écophyto 2 réaffirme un objectif de diminution du recours aux phytosanitaires : -25 % d’ici à 2020 via l’« optimisation des systèmes de production » et -25 % supplémentaires à l’horizon 2025 grâce à des « mutations plus profondes », selon un communiqué du ministère de l’Agriculture. Copiloté par le ministère de l’Environnement, le plan avait été présenté en janvier par Stéphane Le Foll. Il a depuis été enrichi grâce aux 4 700 contributions reçues lors de la consultation du public entre les 8 et 29 juin.
La nouvelle version décline une trentaine d’actions en six axes, qui visent notamment à faire évoluer les pratiques et les systèmes agricoles. Écophyto 2 compte développer les alternatives naturelles aux phytosanitaires, comme le biocontrôle, et encourager l’innovation autour des machines agricoles pour optimiser l’utilisation des produits. En effet, « on peut faire 30 % d’économies de phytosanitaires si on utilise des machines de pulvérisation de la dernière technologie », a rappelé Stéphane Le Foll lors d’une rencontre avec la presse fin octobre.
Indicateur de suivi
Une des seules mesures con-traignantes de ce plan sera la mise en place de certificats d’économie de produits phytopharmaceutiques (CEPP). Elle doit contribuer à faire évoluer les pratiques et systèmes agricoles. Cette méthode est inspirée par les certificats d’économie d’énergie. Les distributeurs devront mener des actions qui amèneront à des économies globales pour obtenir les fameux certificats, sous peine de payer des pénalités. Une ordonnance prévue par la loi d’Avenir organise leur expérimentation. Le texte a été présenté le 7 octobre au Conseil des ministres et publié le 8 octobre. Le niveau des objectifs à atteindre comme le montant des pénalités restent encore à débattre. On souligne toutefois au ministère que ces objectifs devront être cohérents avec ceux du plan, et que le montant de la pénalité devra s’aligner sur la marge nette dégagée par le distributeur sur la vente du produit. « L’indicateur de référence pour suivre les objectifs fixés au dispositif et les conditions de sa mise en œuvre seront établis en concertation avec les parties prenantes », souligne le communiqué.
Effet de levier
À l’issue du Grenelle de l’environnement en 2008, la précédente majorité avait lancé un premier plan Écophyto dont l’ambition était de réduire « si possible » de 50 % l’usage des pesticides d’ici à 2018. Mais le succès est loin d’être atteint puisque l’utilisation de phytosanitaires a progressé au contraire de 5 % par an en moyenne entre 2009 et 2013. Le nouveau plan maintient certaines mesures de la première version. Ainsi, le réseau des 2 000 fermes Dephy, des exploitations pionnières dans le suivi et l’évaluation des pratiques, sera porté à 3 000. Le ministère espère qu’il aura un effet levier qui va permettre d’engager 30 000 agriculteurs dans cette dynamique.