Le parcours est une parcelle de l’exploitation

volaille-poulailler-batiment-economie-energie-aviculture-environnement - Illustration Le parcours est une parcelle de l’exploitation

Un parcours bien aménagé peut permettre de réaliser des économies sur le chauffage du poulailler. C’est aussi, selon l’Inra, un moyen d’améliorer le poids vif des volailles et de gagner en indice de consommation.

Le parcours en volailles plein air est souvent vu comme une obligation réglementaire et non comme une surface de production supplémentaire à valoriser. « Il est vraiment intéressant de se pencher et de se passionner sur son parcours. C’est un véritable plus pour les volailles, pour l’agriculteur, pour l’image de la production de volailles plein-air et aussi pour l’environnement dans sa globalité. C’est un élément à gérer, à aménager pour en retirer tous les bénéfices », explique Philippe Guillet conseiller en système agroforestier et forestier à la Chambre d’agriculture de la Sarthe (72) lors de l’assemblée générale des Fermiers de Janzé, le 17 novembre. Un parcours aménagé est un élément de bien-être. Il permet l’expression du répertoire comportemental de l’animal : gratter, picorer, fouiller, courir… en interaction avec les éléments diversifiés. Cela facilite la stimulation de l’appareil musculo-squelettique, limite les comportements de stress. Le parcours aménagé crée de l’ombre et une ambiance plus stable qui facilitent la thermorégulation des volailles en période de canicule ou de froid.

[caption id= »attachment_10345″ align= »aligncenter » width= »300″]aviculture-batiment-economie-energie-poulailler-environnement Exemple de système agroforestier sur Parcours[/caption]

250 à 400 €/an d’économie de chauffage

Afin que les poulets se dispersent et explorent bien le parcours, il est bon de respecter quelques règles. « Il faut répartir efficacement les plantations afin que l’ombrage occupe de 30 % à 50 % maximum de la surface du parcours. La distance entre 2 zones arborées doit être de 15 à 20 m maximum. Cela crée des repères et des guides pour générer les déplacements. C’est aussi une protection contre le vent et au-dessus de la tête pour sécuriser les animaux », analyse Philippe Guillet. Un parcours bien planté génère un microclimat en hiver et ralentit le vent jusqu’à 20 fois la hauteur de haie. Le vent est l’ennemi de la volaille mais aussi du bâtiment. « Une haie brise-vent peut faire économiser 250 à 400 €/an de chauffage. » Des essais menés à la station Inra du Magneraud évaluent le gain sur les performances d’élevage. « Un parcours arboré comparé à une prairie a permis de gagner 60 grammes de poids vif/animal à 85 jours. L’indice de consommation a baissé de 0,05 et il y a moins de gras abdominal. L’énergie de l’aliment est utilisée pour les muscles et le squelette et moins pour la thermorégulation. L’essai demande tout de même à être confirmé sur le terrain. » De plus, les végétaux consommés sur le parcours représentent jusqu’à 10 % de l’alimentation ingérée par jour. Cela ouvre des pistes de réflexion sur le parcours en tant que source de protéines (insectes, vers).

Les parcours s’aménagent aux fermiers de Janzé

Les fermiers de Janzé proposent un même service pour tous les éleveurs. Un diagnostic et des conseils d’aménagement sont réalisés sur l’exploitation. Les matériaux sont ensuite fournis. Il reste à la charge de l’aviculteur : la pose des protections (piquets, grillages…) et la plantation des arbres isolés. L’aide de l’Afac-agroforesterie de 0,85 €/arbre est reversée à la coopérative, ainsi que les différentes aides pouvant venir de Breizh bocage, communauté de communes et autres selon les territoires.

Un élément de fierté pour l’éleveur

« Un parcours planté est un élément de fierté pour l’éleveur. 95 % d’entre eux se disent fiers du résultat. » Pour Philippe Guillet, l’atelier volaille faisant partie intégrante de l’exploitation, il faut aussi réfléchir son parcours comme une parcelle de l’exploitation. « Il faut réaliser une étude selon les surfaces à gérer (de 1 à 18 ha). L’éleveur peut produire du bois de chauffage, du bois d’œuvre, des piquets, des fruits, du foin, tout cela contribue au revenu. » Il n’y a pas un modèle type de parcours mais de multiples aménagements possibles. Il est conseillé à l’éleveur de mener une réflexion avec son technicien avicole et un conseiller agroforestier pour établir un parcours répondant parfaitement aux attentes. Chaque projet doit prendre en compte : la situation topographique, le type de sol, l’orientation du bâtiment, le vent dominant, l’accessibilité et la gestion des eaux de pluie et de ruissellement. Sans oublier, l’objectif de l’éleveur, le type de valorisation qu’il souhaite et le temps dont il dispose. Nicolas Goualan


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