L’échange parcellaire, pas simple mais plein de bénéfices

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Alors que les exploitations s’agrandissent, réfléchir sur l’aménagement du parcellaire devient encore plus opportun aujourd’hui. Des groupes de producteurs avancent.

Entre 2000 et 2005, 40 % des petites exploitations de moins de 20 ha ont disparu. Au gré des aménagements fonciers, des agrandissements, les SAU se sont morcelées. « Le foncier agricole est globalement plus complexe aujourd’hui. Les échanges parcellaires sont une réponse à cette problématique, permettant aux agriculteurs de réduire les coûts de production et d’améliorer leurs conditions de travail », a introduit Cyril Guérillot, de la Chambre d’agriculture 35, lors d’une réunion d’information organisée par le Syndicat intercommunal du bassin versant de la Seiche, le 24 novembre à Janzé. « Les échanges présentent aussi un intérêt pour les collectivités, car ils permettent davantage de sécurité avec moins de tracteurs sur les routes, moins de traversées de bourgs : réelles contraintes pour les agriculteurs. Induisant une moindre consommation de fioul, et une meilleure gestion des engrais et produits phytosanitaires du fait du rapprochement des parcelles, ils ont aussi des atouts environnementaux. »

Des coûts et du travail en moins

Une étude réalisée en lien avec la station expérimentale des Cormiers, sur une exploitation d’une soixantaine d’hectares, avec une dizaine d’hectares éloignés, a montré que le temps passé par les producteurs sur la route est de 100 h par an pour faire 2 200 km. « C’est 1 000 L de fioul par an, soit 15 % de la consommation de l’exploitation », continue Cyril Guérillot. Autre étude : 10 ha de maïs ensilage situés à 7 km plutôt qu’à 1,5 km du siège vont demander 30 h de travail supplémentaires et 40 L de carburant en plus par hectare. « Réduire la distance n’est pas la seule voie d’amélioration, on peut aussi travailler sur la forme des parcelles et rationaliser le bocage. »

Échanges entre propriétaires ou entre exploitants

En dehors des opérations d’Afaf (Aménagement foncier agricole et forestier) qui ne concernent aujourd’hui que les grands ouvrages, il existe deux sortes d’échanges qui sont eux volontaires. « Les échanges “amiables” entre propriétaires sont officiels, définitifs et enregistrés aux hypothèques. Ils prennent obligatoirement la forme d’un acte notarié. Une aide de 50 % des frais de notaire et de géomètre est proposée par le Département d’Ille-et-Vilaine pour ce type d’opérations. » « Les échanges “de jouissance” ou “de cultures” ne sont pas pérennes. Ce sont des contrats consentis entre exploitants, locataires ou propriétaires. Ils sont temporaires, limités par exemple à la durée des baux. Il faut informer le propriétaire de l’échange par lettre recommandée. Ce dernier peut difficilement s’y opposer. Les baux ne sont pas modifiés, l’exploitant continue à payer les fermages et garde la responsabilité juridique de la parcelle exploitée par un autre. » Tous ces échanges demandent de redessiner les plans d’épandage. Au niveau des aides Pac, chaque agriculteur déclare les parcelles qu’il exploite. Attention par contre aux parcelles « sous contrat » telles que les MAEC, ou en agriculture biologique, qui ont leurs spécificités.
Agnès Cussonneau

L’avis de :

Éric Jouzel , Agriculteur à Amanlis, lait et aviculture, 3 associés

Nous avons d’abord échangé 1,5 ha, il y a 3-4 ans en propriété. Cette année, nous avons réalisé des échanges entre trois agriculteurs. À deux, cela n’était pas possible. Il faut parfois élargir le groupe pour que cela fonctionne. Nous passons moins de temps sur la route, et désormais les sorties de parcelles se font toutes sur des axes communaux et non plus sur des départementales. Dans les échanges de terres, il faut parfois faire des sacrifices. J’ai par exemple récupéré une parcelle en labour, alors que je fonctionne en agriculture de conservation du sol… Mais, on y gagne quand même. Il y a 6 – 7 ans, nous avions commencé par mettre en commun un champ avec un voisin lors de l’achat d’un pulvérisateur automoteur. Puis nous avons mis en place des échanges de fumiers et de lisiers pour réduire les distances d’épandage.

Rémy Fesselier, Agriculteur à Vergéal, lait et volailles Label membre du Conseil municipal, chargé de la voirie

Nous sommes neuf agriculteurs à nous être mis autour d’une table, à regarder et étudier nos parcellaires situés sur plusieurs communes. En 9 mois sur 2014/2015, nous avons échangé 23 ha en tout, concernant une surface améliorée de 150 ha. Nous avons échangé les mêmes surfaces, la plus grande partie en propriété. Il a fallu convaincre certains propriétaires, leur montrer les intérêts de la démarche. De mon côté, j’ai notamment ramené 5,5 ha accessibles pour les laitières. J’ai récupéré des haies sur mon parcellaire. Alors que cela pouvait gêner un voisin, c’est intéressant pour mes vaches… En parallèle de l’opération, 450 m de chemins pédestres vont être aménagés, ce qui permettra de créer une boucle de randonnée sur la commune. Certains agriculteurs n’ont pas voulu participer, mais ils le feront peut-être plus tard.


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