Estampillés J’aime de Fleury Michon, les porcs de Roland et Marie-Françoise Lefeuvre seront désormais mieux valorisés. Ils sont élevés sans antibiotiques et sans aliments OGM.
« Nous voulions intégrer une niche pour mieux valoriser notre production ». Déçus du label rouge, les époux Lefeuvre ont accepté de rejoindre les 22 éleveurs du groupement Porc Armor-Evolution, déjà engagés dans la démarche J’aime de Fleury Michon. Les 3 000 charcutiers vendus chaque année devront se passer des antibiotiques, du moins après le sevrage. « La supplémentation antibiotique dans l’aliment 1er âge a été supprimée. Nous conservons la possibilité de traiter, selon les besoins, à la pompe doseuse, avant 42 jours d’âge ». Après, les porcs traités en curatif sont bouclés et marqués (frappe). Ils sont retirés du label et vendus dans le circuit conventionnel. 2 à 3% des animaux sont, en moyenne, concernés. Tous les aliments sont achetés pour garantir la traçabilité. « Les céréales sont françaises, les aliments sont sans OGM et précuits (miettes ou granulés) », complète Régis Morvan, responsable technique du groupement. Le surcoût pour l’aliment est estimé à 1,30 euro par porc, actuellement « Les éleveurs s’engagent également dans une démarche de développement durable. Toutes les consommations de l’élevage (eau, kWh, intrants) sont mesurées au moment de l’engagement. L’objectif est de les réduire en installant des équipements appropriés : échangeurs d’air, récupérateurs d’eau, niches… ». En contrepartie des contraintes, les éleveurs perçoivent 7 centimes de plus par kilo de porc. Les 23 élevages avaient tous un bon niveau sanitaire de base et sont relativement proches de l’abattoir Abera.
S’adapter aux demandes des consommateurs
Aujourd’hui, 2 000 porcs sont estampillés J’aime chaque semaine. « L’objectif se situe entre 50 000 et 75 000 porcs par semaine », précise Régis Le Brun, directeur de Fleury Michon. « Nous avons la volonté de développer nos démarches qualité pour répondre aux demandes des consommateurs ». L’entreprise commercialise aussi des viandes sous Label Rouge et Bleu-Blanc-Cœur. «Nous voulons démontrer que la vision ultralibérale qui consiste à produire toujours plus et moins cher, qui nous met en concurrence avec les pays à bas coûts, n’est pas la bonne. Une autre voie est possible qui rémunère l’éleveur et fixe la production en France. L’agriculture française a un rôle à jouer dans le monde. L’Asie, par exemple, demande de plus en plus des produits de qualité. Nous voulons y prendre des parts de marché ». Sans compter l’image positive qu’une telle démarche donne des éleveurs ajoute Éric Philippe, directeur du groupe Avril, partenaire de Fleury Michon dans la démarche J’aime. Bernard Laurent