Pour s’adapter à la nouvelle Pac, les associés du Gaec de Kerfalher ont reconduit une MAEC sur leur exploitation basée sur l’herbe. Ils misent aussi sur la performance technique.
Installés à Kérien dans les Côtes d’Armor, Laurent et Éric Thomas gèrent un troupeau allaitant basé sur 75 mères limousines et un atelier de 20 000 poules en reproduction. La SAU de 149 ha est implantée avec 36 ha de céréales – 30 à 50 t sont autoconsommées selon les années, toute la paille est gardée -, 12 ha de maïs et 101 ha d’herbe, dont 30 ha en prairies permanentes. Suite à la réforme de la Pac, les deux frères ne seront pas pénalisés sur les DPB (Droits à paiement de base), les ex-DPU n’étant pas très élevés sur l’exploitation. Du fait de la transparence Gaec, ils bénéficieront du paiement redistributif sur deux fois 52 ha. En revanche, ils sont nettement perdants sur les aides directes aux vaches : ils disposaient, jusqu’à 2015, de 120 PMTVA.
Une aide de 22 000 €/an
Pour compenser cette perte, Laurent et Éric Thomas se sont engagés dans une MAEC SPE (Mesure agroenvironnementale et climatique « Système polyculture élevage »). « Nous avons opté pour la mesure avec 18 % maximum de maïs sur la SFP et 65 % d’herbe minimum sur la SAU, en “maintien”. Auparavant, nous avions signé une MAE SFEI (Système fourrager économe en intrants). Nous disposons déjà d’un local phytosanitaire que nous avons aménagé dans l’ancienne laiterie de l’exploitation », précisent les éleveurs qui pourraient bénéficier d’une aide de 22 000 €/an (plafond de 11 000 € multiplié par deux, toujours grâce à la transparence Gaec).
La performance technico-économique est un autre levier développé sur le Gaec de Kerfalher. Les producteurs ont obtenu 95 vêlages par an en moyenne sur les quatre dernières années, avec un taux de renouvellement relativement élevé à 27 %. Les génisses sont toutes gardées. La mortalité des veaux est maîtrisée, à 3,6 % sur la même période de 4 ans. Ainsi, la productivité globale annuelle ou PGA atteint le très bon niveau moyen de 1,1 (c’est le nombre de veaux vivants par vache présente et par an). « Nous réalisons des échographies en systématique », ont précisé les éleveurs lors d’une journée de formation organisée par la Chambre d’agriculture, le 17 novembre dernier.
Une seule période de vêlage
Les vêlages sont groupés sur l’automne, pour mieux maîtriser le sanitaire et pour l’organisation du travail. « Nous souhaitons les décaler un peu pour les commencer sur la première quinzaine d’août. » Avec une seule période pour les naissances, les génisses vêlent à trois ans. « Pour grouper les chaleurs, nous avons posé des spirales sur une vingtaine de vaches cette année. » Les éleveurs ont par ailleurs un projet de bâtiment pour l’an prochain, « pour mieux gérer la reproduction, rentrer les génisses de première année qui restent dehors actuellement, et optimiser l’engraissement des vaches et génisses de réforme. » Les vaches sont réformées juste après vêlage, le veau est vendu à 1 mois dans ce cas. « Les effectifs tournent vite sur l’exploitation, car nous essayons de vendre le maximum de femelles en Label Rouge. » Les veaux mâles sont soit vendus en broutards, soit en JB selon les années. « Comme les femelles, ils sont complémentés dès le départ, même sous la mère avec 1,5 à 2 kg/jour en fin d’hiver. À la mise à l’herbe, ils ont le nourrisseur. »
Deuxième journée de formation
La vingtaine d’éleveurs présents à cette première journée de formation « J’adapte mon élevage au contexte Pac et aux aides MAEC » se retrouveront pour la seconde journée le 10 décembre à Plédéliac, sur l’exploitation de Nicolas Daniel qui a mis en place une MAEC. « Cette formation a pour but d’aider chaque éleveur à cibler les pistes d’évolution les mieux adaptées à son exploitation en prenant en compte les incidences économique, environnementale et sociale », explique Thierry Offredo, conseiller viande bovine.
Ration sèche en engraissement
La ration des vaches et génisses est basée sur du maïs, de l’ensilage d’herbe et du colza. L’engraissement se fait en ration sèche, composée de 60 % d’orge de l’exploitation et de 40 % d’aliment référencé pour le Label Rouge (sans OGM et sans urée). Sur 2013/2014, les taurillons, sortis à moins de 16 mois, ont affiché un GMQ de 1 310 g/jour de vie. Bien réfléchi, le système de production permet aux éleveurs de dégager une marge brute de 700 € par UGB sur l’atelier viande. Meilleure que le repère en système naisseur-engraisseur, à 550 €/UGB. Agnès Cussonneau