La taille ne fait pas le temps de travail

Une truie française demande en moyenne 18 heures de travail par an en système naisseur-engraisseur. L’organisation de l’éleveur et l’élevage font la différence.

Jusqu’à présent la production porcine bretonne s’est davantage focalisée sur l’amélioration de la productivité animale que sur la productivité du travail. Pas surprenant, quand on sait que le coût du travail ne représente que 13 % du prix de revient alors que l’aliment représente 60 % du coût de production. Pas surprenant non plus car l’élevage breton a longtemps travaillé avec une main-d’œuvre familiale. Or, pour cette main-d’œuvre qui ne « compte pas ses heures », une heure de plus ou de moins n’a pas d’incidence financière directe. Aujourd’hui, avec le recours croissant au salariat, les façons de calculer changent.

Un écart du simple au triple

L’enquête conduite auprès de 47 naisseurs-engraisseurs bretons, par Caroline Depoudent, ingénieur du pôle porc de la Chambre d’agriculture, montre que si un éleveur produit en moyenne 1,43 porc par heure, de nombreux écarts existent entre élevages : de 0,6 à 2 porcs produits par heure (1). Un écart du simple au triple que la dimension de l’élevage n’explique pas : « Quelle que soit la taille des élevages, nous observons des écarts importants ». Plutôt que dans l’effet taille, il faut aller chercher les explications à cette différence dans le degré d’automatisation des élevages et la spécialisation de l’exploitation (productivité horaire supérieure chez les éleveurs qui délèguent les travaux des champs). « Nous voyons également une meilleure productivité horaire chez les éleveurs qui ont le profil « entrepreneur ». Sans doute ces derniers sont plus enclins à fixer des objectifs, à manier la calculette pour vérifier les ratios et mettre les moyens en œuvre pour les atteindre. La responsable de l’enquête décèle également certains facteurs discriminants qui favorisent l’efficacité dans le travail : l’organisation qui évite la dispersion ; la confiance faite aux collaborateurs qui laisse place à l’initiative et donc à l’efficacit ; le côté astucieux des éleveurs qui font que « les petits équipements ont parfois de grands effets ».

[caption id= »attachment_10574″ align= »aligncenter » width= »300″]Temps de travail par truie Temps de travail par truie.[/caption]

Comparaison européenne

Comparativement à ses voisins européens, la France se situe en milieu de tableau sur le plan de la productivité horaire du travail. Si en moyenne un éleveur français naisseur-engraisseur consacre 18 heures par truie et sa suite, un Néerlandais consacre 16,7 heures par truie et un Allemand 20,4 heures. Seuls les Espagnols (16 heures) et les Danois font mieux (14,8 heures). Christine Roguet, ingénieur à l’Ifip, explique cette place de la France par le handicap structurel généré par la mise au pilori de la production porcine ces dernières années. « La croissance, la restructuration et la spécialisation ont permis à nos voisins de se doter de bâtiments modernes, rationnels et fonctionnels. D’où cette optimisation du temps de travail que l’on observe chez eux. Mais, chez nous, les meilleurs éleveurs sont au même niveau qu’aux Pays-Bas et au Danemark », insiste-t-elle. Et de faire preuve d’optimisme : « La réorganisation qui s’opère en France va permettre d’améliorer la productivité du travail dans les années à venir ». Didier Le Du

(1) Enquête présentée aux Journées régionales porcines.


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