Le lien de confiance entre consommateurs et agriculteurs, qui s’affaiblit au rythme des divers scandales sanitaires ou études anxiogènes, ne pourra être renforcé qu’au prix du dialogue et de la concertation entre les différents acteurs de la société.
Redorer aujourd’hui l’image de l’agriculture suite à des crises sanitaires, n’a plus rien à voir avec la façon de le faire lors de la crise de la vache folle de 1996 ou même lors de l’épidémie de grippe aviaire de 2009. Car entre-temps, la diffusion de l’information s’est modifiée avec les réseaux sociaux et les chaînes d’information continue, explique Louis Orenga, directeur général d’Interfel (Interprofession des fruits et légumes), fort de son expérience au Centre d’information des viandes (CIV).
Faire progresser l’agriculture de façon collective
Une des problématiques, selon Louis Orenga, est qu’aujourd’hui, nous fonctionnons sur un mode binaire où s’opposent « information » et « publicité ». Et dans les esprits, une communication positive est forcément une publicité (donc peu fiable), tandis qu’une communication négative est une information « vraie ». Ainsi, les médias préfèrent relayer les scandales tels que l’affaire des lasagnes à la viande de cheval, les publications d’études à charge telles que celle des « pommes empoisonnées » ou encore tirer les extraits les plus inquiétants de rapports comme celui de l’OMS concluant au caractère cancérigène de la viande ou de la charcuterie. « Certaines associations l’ont bien compris : Pour exister, elles communiquent uniquement sur les désaccords qu’elles ont avec le milieu agricole ». Et pourtant, explique-t-il, il y a de vrais dialogues entre les associations de consommateurs, les agriculteurs et les scientifiques. « Dans 80 % des cas, tous tombent d’accord, mais 90 % des sujets exposés par les médias sont les désaccords. » Toutes ces crises sont collectives, analyse-t-il, dans le sens où elles ne touchent pas une marque, mais un produit (la viande rouge ou les pommes par exemple) ; elles ne concernent pas une entreprise, mais le métier d’agriculteur. Il faudrait donc les résoudre de façon collective, en impliquant l’environnement du produit et du métier, c’est-à-dire les consommateurs.
Arrêter de faire de l’utopie une normalité
Louis Orenga déplore d’ailleurs la fixation par certaines ONG d’objectifs irréalisables. Le danger, estime-t-il, c’est de pousser le consommateur à avoir des attentes illusoires. Pour faire avancer l’agriculture et redonner confiance aux consommateurs, il faut se fixer des objectifs communs réalisables : « Restons dans le champ des possibles. »