Ramenant davantage d’énergie et de protéines qu’un ensilage de maïs plante entière, le maïs épi peut permettre des économies substantielles. Sur le Gaec du Désert, il est couplé à des ensilages de méteil et des prairies multi-espèces.
« En 2014, nous avions récolté 10 ha de maïs épi, cette année nous sommes passés à 19 ha », explique Daniel Berthelot, associé dans le Gaec du Désert avec son frère Laurent et Stéphane Mézerette. Basée à Louvigné-du-Désert, l’exploitation emploie deux salariés et compte une surface de 191 ha. 130 vaches laitières (35 % de Prim’Holstein et 65 % de Normandes) réalisent une production dépassant aujourd’hui 1 million de litres de lait. Les éleveurs gèrent également un troupeau allaitant de 35 vaches limousines. L’exploitation a ouvert ses portes le 16 décembre lors d’une journée organisée par la Fédération des Cuma.
[caption id= »attachment_11363″ align= »aligncenter » width= »600″] « Le maïs épi contribue à notre objectif d’un maximum d’autonomie », précisent les éleveurs. De gauche à droite : Laurent Berthelot, Stéphane Mézerette et Daniel Berthelot.[/caption]
13 kg bruts de maïs épi par laitière
« Nous conservons du maïs ensilage, 36 ha cette année. Le silo va être ouvert après l’hiver. Cela nous offre une sécurité fourragère pour l’été », précise Daniel Berthelot. 21 ha de méteil fourrager (fauché, ressuyé, andainé, puis ensilé le 12 mai cette année, 5,5 t MS/ha), 25,5 ha de prairies multi-espèces et 27 ha de dérobées (RGI – trèfle – avoine, 1,8 t MS/ha) complètent les fourrages.
« Le maïs épi contribue à notre objectif d’un maximum d’autonomie », précise Daniel Berthelot. Ce produit affiche une valeur alimentaire de 1,08 UFL/kg de MS, avec un PDIN de 61, supérieur de 20 au maïs plante entière. Le PDIA (protéines digestibles dans l’intestin) est intéressant à 37. Actuellement, les vaches reçoivent environ 13 kg bruts de maïs épi qui est complété avec de l’ensilage de méteil et de prairies multi-espèces, ainsi que de la paille. Au total, chaque laitière ingère 19,3 kg de MS/jour (= 40 kg de produit bruts, soit 10 kg de moins qu’avec le maïs ensilage).
37 000 € d’économie d’aliment en 2 ans
Les éleveurs continuent de donner de l’aliment aux laitières (colza, tanné, VL, minéraux), mais les quantités ont été largement abaissées. « En janvier – février 2013, le coût des concentrés plus minéraux était de 81 €/1 000 L, aujourd’hui, il est de 24 €/1 000 L. Pour la même production, nous économisons 37 000 € en aliment entre 2013 et 2015. Nous dépensons par contre 3 200 € de plus pour les frais de récoltes. »
L’ensileuse adaptée avec un kit maïs épi
« Le maïs est une céréale, il est inutile de l’ensiler. Mieux vaut restituer les tiges, qui n’ont que peu de valeur, au sol », souligne Michel Lepertel. Les récoltes de maïs épi ont commencé environ 10 – 15 jours après les ensilages de maïs plante entière. Elles ont été réalisées sur des parcelles plus éloignées, car il y a deux fois moins de remorques avec cette technique. On ramène de la valeur énergétique.
Seules les poupées de maïs avec rafles sont récoltées par l’ensileuse de la Cuma Union Hilairienne (Saint-Hilaire-des-Landes). Une John Deere 7480 équipée pour l’occasion avec un cueilleur de moissonneuse 9 rangs (Fantini) assure un bon débit de chantier. Au fond du rotor, une grille d’affinage permet de recycler le produit et d’obtenir plus d’homogénéité en sortie d’ensileuse. Au total, l’adaptation a représenté 6 500 – 7 000 €. Les silos doivent être bien tassés. Par ailleurs, les fronts d’attaque doivent être adaptés à un avancement moins rapide qu’en plante entière. Il est possible d’utiliser des conservateurs. « Nous n’en mettons pas », précisent les éleveurs.
Cuma mélangeuse automotrice
« Le maïs épi remplace le maïs ensilage. On ne peut cumuler trop de sources d’énergie au risque de tomber en acidose. Avec son amidon très lent (différent de celui des céréales), il convient parfaitement avec les ensilages d’herbe jeune. Au niveau récolte, il est plus facile à réaliser qu’un maïs humide qui doit être moissonné, puis broyé et ensilé », expliquent Michel Lepertel et Antoine Berthelot, dirigeant et technicien de la société NPRL (nutritionniste indépendant). Par contre, il est quasiment indispensable de distribuer le maïs épi en ration mélangée. La pesée des différents ingrédients est aussi déterminante quand on veut gagner en coût de production. Sur le Gaec du Désert, la mélangeuse de la Cuma l’Entraide, de Mellé, passe tous les jours (sauf le dimanche) pour l’alimentation des vaches laitières. Le coût est de 9,70 €/1 000 L. La moyenne d’étable se situe à 8 300 kg, dotée d’un TB de 41,3 et d’un TP de 34,6.