Les amendements : des atouts à ne pas négliger

pulverisateur-agronomie-sol-acidite-amendement-engrais-mineraux - Illustration Les amendements : des atouts à ne pas négliger

L’intérêt des amendements minéraux basiques n’est plus à démontrer : en diminuant l’acidité du sol, ils améliorent la fourniture d’éléments nutritifs et favorisent son activité biologique. Cependant le choix d’un amendement ne s’improvise pas. Voici quelques clés pour décider.

La connaissance de la composition des produits est très importante dans le choix de l’amendement. Le type et la proportion de bases associées (ions hydroxydes – OH-, carbonates – CO32-…)  entraînent une capacité de réduction de l’acidité des sols différente selon les produits. C’est la valeur neutralisante. Par exemple, la chaux éteinte, de formule CaOH2, composée d’un cation calcium, Ca2+ et de 2 anions hydroxyde, est une base très forte et a la capacité de redresser rapidement le pH. Ces bases arrachent les ions hydrogène (H+), acides, du complexe argilo-humique et se lient avec eux dans la solution du sol pour former une molécule d’eau (H2O), remontant ainsi le pH du sol.

Des éléments nutritifs plus disponibles

La libération des sites négatifs du complexe argilo-humique va permettre aux cations calcium, magnésium mais aussi potassium (K+) et à l’azote sous forme ammoniacale (NH4+), de s’y fixer. On améliore ainsi la capacité du sol à stocker les éléments nutritifs et à les rendre disponibles aux plantes. De plus, l’assimilation des engrais (organiques et minéraux) est favorisée à un pH proche de la neutralité. Parallèlement, les amendements minéraux basiques limitent les risques de battance en assurant la floculation des argiles et de l’humus du sol. Ils améliorent la stabilité structurale et la perméabilité des sols. Enfin, en réduisant l’acidité des sols, les amendements minéraux basiques favorisent le développement de la faune et de la microflore du sol.

[caption id= »attachment_11378″ align= »aligncenter » width= »300″]L'analyse du pHeau donne une indication de l'acidité du sol L’analyse du pHeau donne une indication de l’acidité du sol.[/caption]

Analyser régulièrement les sols

Un sol à la neutralité (pH 7) est un objectif difficile à atteindre en Bretagne, compte tenu de l’acidité naturelle des sols et des pratiques culturales. Pour nos assolements, il faut viser un pH minimum de 6,0-6,2 (rotations céréalières et fourragères) voire 6,5-6,7 (rotations légumières) afin d’être à l’optimum technico-économique. Une analyse par parcelle tous les 5 ans est suffisante, mais reste indispensable pour connaître l’état d’acidité de son sol et définir sa stratégie de chaulage. Si le pH est très bas (sols très acides), le chaulage de redressement est indispensable pour remonter rapidement à un niveau offrant des conditions optimales aux cultures. Les sols ont une tendance naturelle à l’acidification et les pratiques de fertilisation peuvent accélérer ce processus. Il est donc préconisé de réaliser un chaulage d’entretien annuel de 150 à 300 unités de CaO par hectare.

[caption id= »attachment_11379″ align= »aligncenter » width= »300″]Les amendements favorisent directement l’activité des engrais Les amendements favorisent directement l’activité des engrais.[/caption]

En plus du pH de l’eau (pHeau),

la mesure de la CEC (Capacité d’Échanges cationiques) indique la capacité du sol à retenir les éléments nutritifs pour les plantes. On parlera du taux de saturation de la CEC pour indiquer le nombre de sites occupés par les cations échangeables (calcium, magnésium, potassium, ammonium). Un taux de saturation de 60 % indiquera une saturation faible et la présence de nombreux ions hydroxydes, favorisant l’acidité. Les équilibres entre cations échangeables sont aussi très importants. En effet, ils permettent de définir quel type de produit doit être privilégié. Il faut notamment interpréter les équilibres K/Mg et Ca/Mg, surtout lorsque la teneur de l’un de ces éléments est faible.

Différents types d’amendements

En matière d’amendements, on distingue les produits cuits, chaux calciques et magnésiennes (CaO, MgO) qui sont issus de la calcination à 1 000°C des roches calcaires, et les produits crus, carbonates de calcium ou de magnésium, solides à l’état naturel, qui sont broyés ou concassés plus ou moins finement. On parle alors de produits pulvérulents et on indiquera toujours leur granulométrie. Plus leur broyage est fin, plus leur action sera rapide, car ils seront plus solubles dans la solution du sol.

Différents produits sont donc disponibles sur le marché. Par exemple, les carbonates de calcium bruts, sont issus notamment des sables coquilliers en Bretagne. Ces amendements marins sont riches en carbonates de calcium et de magnésium (CaCO3 et MgCO3). Ils sont adaptés aux situations de redressement en sols acides, car ils y seront attaqués plus rapidement qu’en situation de pH neutre. Leur broyage grossier conduit à une action sur 2 à 3 ans. Leur valeur neutralisante est située entre 25 et 50.

Les amendements mixtes associent des carbonates pulvérulents à des produits cuits (leur valeur neutralisante approche les 70). Leur intérêt est technique car ils assurent un redressement rapide du pH, lié à la présence de bases fortes et à la finesse de pulvérisation des carbonates. Et aussi économique car le mix produits permet de rester dans une enveloppe budgétaire cohérente pour un redressement rapide.

Liquides et amendements composés

Les carbonates de calcium liquide sont des produits extrêmement fins (6 microns pour le Top Flow). Ils sont proposés en « rendu racine »  et sont donc dosés précisément, épandables par tous les temps sans poussières et contrôlent l’acidité de surface. Ils s’utilisent dans des situations d’entretien ou de redressement en sols moyennement acides. Enfin certains produits comme la Neutracine Mag associent les oxydes de calcium et de magnésium à des vinasses de betterave pour stimuler l’activité biologique du sol. Leur valeur neutralisante faible (autour de 30) et l’absence d’éléments fertilisants permet une utilisation en chaulage d’entretien, sur toutes cultures, sans dépassement des limites de dose d’azote. Le choix d’un amendement doit donc se faire en fonction de la situation de la parcelle. Il pourra alors montrer pleinement ses bénéfices sur la vie et la structure du sol et sur la plante. Guillaume Gasc / Triskalia


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