Les terres sont dédiées en priorité à l’atelier porcin. Les vaches profitent du reliquat de surface : un système intensif et rigoureux qui conserve tout de même une part de pâturage.
À l’EARL de Kerlastre à Ploudiry (29), cohabitent un atelier porcin et un atelier laitier. Sur les 220 ha, priorité est donnée aux 200 truies NE et 5 000 charcutiers produits par an : « Nous sommes fafeurs. Objectif : être le plus autonome possible en cochon car c’est la filière qui a toujours apporté la rentabilité sur l’exploitation », explique Serge Donval, sans détour. « Les vaches font avec la surface qui reste… On cherche donc à faire du lait avec le minimum d’animaux et de terres. » Mais l’éleveur finistérien avoue aussi que ce système laitier intensifié lui « plaît », le « motive ».
Ration
En production (kg MS / VL/ j)
- Ensilage de maïs : 10,7
- Enrubannage de ray-grass : 3,7
- Luzerne enrubannée : 2
- Correcteur (soja / colza) : 2,38
- Maïs grain humide : 1,9
- Aliment by-pass 5 L : 1,78
- Paille de blé : 880 g
- Mélasse de canne : 740 g
- 600 g de minéral à la carte (capteurs de mycotoxines, sel, levures…), 100 g de bicarbonate de sodium, 90 g de méthionine protégée, 30 g d’urée retard.
Vêlages groupés
Pour livrer 850 000 L de lait par an, les Prim’Holstein tournent à « une moyenne de 11 000 L ». Pour ce faire, Serge et son salarié Robert Guéguen, qui prennent soin des vaches, cherchent « à cadrer, à systématiser au maximum comme en cochon » : 95 % des mises bas de juin à septembre, lots de taries et préparation de vêlage sur prairie rase, semence sexée sur toutes les génisses, entretien « rigoureux » des logettes, préparation quatre par quatre des animaux en salle de traite… « En cherchant toujours à prévenir. » Mais le lait dépend d’abord de l’alimentation. Le troupeau en production reçoit un mélange diversifié, préparé avec une machine à pales, où le maïs ensilage est contrebalancé par des enrubannages de luzerne et de ray-grass (RGI-RGA).
Lysine et méthionine
« Ces derniers temps, les vaches ingèrent 65 kg bruts par jour. Je n’ai jamais vu cela », s’étonne Serge Donval. « Avec une bonne efficacité à la sortie : la production moyenne journalière est de plus de 38 kg … » Le Finistérien l’explique entre autres par « les bonnes repousses des prairies en septembre et octobre que les vaches ont pâturées derrière une fauche. » Car à l’EARL, on tient à valoriser du pâturage (mars à mi-novembre) . Les 14 ha accessibles sont ainsi divisés en 15 petits paddocks. « Les animaux n’y passent qu’un ou deux repas. Et nous n’hésitons pas à débrayer, à beaucoup faucher pour ramasser de l’enrubanné pour l’hiver. Pour faire du lait, il faut toujours sortir les vaches sur de l’herbe de très bonne qualité. »
En matière de nutrition, le nouvel aliment 5 L enrichi en lysine et en méthionine semble aussi apporter un plus : « Nous l’avons incorporé dès les premiers vêlages en juin. L’effet est assez net : lait en hausse, mais aussi venues en chaleur très visibles. En IA et surtout en échographie, les derniers résultats sont excellents : 28 pleines sur les 29 vaches et génisses diagnostiquées par le vétérinaire », apprécie Serge Donval qui cherche avant tout « à maintenir un intervalle vêlage – vêlage le plus court possible » en système mises bas groupées (IVV de 388 jours en 2014). Ces performances n’étonnent pas Philippe Arzul, conseiller chez Vitalac : « Sur une ration con-centrée et bien calée, la supplémentation en lysine et méthionine, acides aminés limitants, répond très bien. Le lait en plus assure largement le retour sur investissement. Et puis, la luzerne, riche en bêta-carotène et vitamine E, est favorable à une bonne reproduction. » Le point mort se situe aujourd’hui à 301 € / 1 000 L de lait. « Avec la possibilité de livrer jusqu’à 80 000 L en plus pour diluer les charges de structure si l’opportunité se présente », dans un bâtiment de 1996 amorti et très fonctionnel. Toma Dagorn