La lourdeur du marché de la viande bovine crée des embouteillages dans les abattoirs. Les animaux traînent à partir des fermes.
« La consommation européenne a rebondi cette dernière année (+ 2%), mais ne suffit pas à absorber l’augmentation de production (+ 3%) », constate Philippe Dagorne, vice-président de l’UGPVB en charge du secteur bovin. Et de faire observer que « les consommateurs se tournent vers les viandes bon marché : le steak haché. En plus, ils remplacent des pièces à griller ou à rôtir de 180 g par des steaks hachés de 120 g. C’est une tendance de fond qui n’est pas sans conséquence sur l’évolution des prix ».
Afflux de vaches
Actuellement, il y a un afflux de vaches laitières vers les abattoirs. Une situation générée par une conjoncture morose qui incite les éleveurs à renouveler plus rapidement leur troupeau d’autant que les primipares sont en surnombre dans les élevages et que le marché de l’amouillante est atone. Résultat, les retards d’enlèvement sont importants en Bretagne. En vaches allaitantes le cheptel reste fourni. Les éleveurs profitent de la fin de période de détention obligatoire liée aux primes et de l’entrée hivernale des troupeaux en stabulation pour vendre. Cette situation amplifie le phénomène d’engorgement. Toutes ces ventes en nombre des réformes laitières et allaitantes accentuent la baisse saisonnière des prix observée à cette période de l’année. Avec une amplitude d’autant plus forte que la FCO a bloqué l’exportation de jeunes bovins dans des régions productrices, obligeant les éleveurs à vendre des vaches à la réforme. La situation devrait durer jusqu’au printemps.
Une bonne nouvelle
Une bonne nouvelle toutefois : les broutards, depuis la vaccination FCO, repartent vers la Turquie. Il n’en demeure pas moins que le marché demeure laborieux dans la marchandise ordinaire comme le faisait observer le Mol à l’issue du marché du 3 décembre. Les broutards mâles exceptionnels et extra-lourds se négocient par contre à des prix plus que convenables (900 à 1 230 € pièce). À terme, se pose la question du maintien de la filière allaitante en Bretagne. « Beaucoup de départs en retraite sont prévus et les fermes sont difficiles à transmettre, les banques ne suivent pas. Quelques producteurs de lait de plus de 50 ans ont remplacé leurs laitières par des allaitantes pour finir leur carrière mais ces élevages ne seront probablement pas repris », souligne Philippe Dagorne.