En 2018 les élevages en agriculture bio devront utiliser un aliment 100 % bio. Des pistes pour substituer le soja sont en cours d’étude.
Les élevages en agriculture biologique devront d’ici 2018 passer à une alimentation 100 % bio. Aujourd’hui la réglementation accepte que 95 % de la composition de l’aliment soit issue de l’agriculture biologique. Ce changement va avoir un impact non négligeable sur le coût alimentaire et donc sur les résultats économiques des exploitations. « Quelles stratégies devront adopter les éleveurs face à l’échéance 2018 ? Quelles sont les nouvelles matières premières innovantes ? », voici les questions auxquelles Coline Brame, du pôle aviculture de la Chambre d’agriculture des Côtes d’Armor a tenté de répondre lors de la journée régionale alimentation et santé en agriculture biologique.
Formuler à prix équivalent
Une des stratégies est de formuler à prix équivalent. « Des essais menés par l’Itavi en poules pondeuses ont remplacé dans la formulation de l’aliment le gluten de maïs et le concentré protéique de pomme de terre conventionnels par du maïs bio. Ils ont constaté une baisse de 16 % des teneurs en protéines et acides aminés, ainsi qu’une baisse du nombre et du poids des œufs. » Une autre piste est de substituer les matières premières conventionnelles par de la féverole bio à hauteur de 20 %. « Le constat est une baisse du poids des œufs et une moins bonne qualité. Cette baisse de performances est dûe à une dégradation qualitative de la formule avec moins d’acides aminés essentiels (AAE) disponibles », indique Coline Brame.
Le concentré de luzerne à la place du soja
Il est très important de sécuriser les apports et l’équilibre en acides aminés essentiels. « Pour obtenir un aliment 100 % biosécurisé il faut compenser les matières premières conventionnelles par du soja bio. Mais les performances économiques baissent avec un surcoût de 6 %. » L’alternative est de trouver des matières premières innovantes pour compenser celles venant du conventionnel ou le soja bio. « Dans le cadre du programme de recherche Avialim bio, le concentré protéique de luzerne, les tourteaux de chanvre et les orties ont été testés. Les orties sont plus anecdotiques car il y a peu de surface de production. » Pour le concentré protéique de luzerne le process de transformation existe et est opérationnel. C’est un produit facile à incorporer dans l’aliment avec un prix théoriquement compétitif au tourteau de soja en termes de points de protéine. « Mais sa digestibilité est plus faible que du soja et les surfaces et volumes produits sont insuffisants. Malgré tout, il y a des pistes prometteuses pour répondre aux enjeux de l’alimentation. » Nicolas Goualan