Un tiers des couverts agronomiques sont destinés à faire de l’engrais vert. 2/3 sont valorisés par les animaux. Pour les premiers, plusieurs moyens de destruction sont envisageables.
Quelles espèces semer ? Comment gérer la montée à graines ? Comment détruire la biomasse et pour quel objectif ? C’est à ce genre de questions, posées par des agriculteurs du secteur de Pontivy, que Jean-Luc Le Bénézic, conseiller Triskalia, a répondu lors d’une journée technique organisée par le syndicat mixte de la vallée du Blavet, la semaine dernière. L’occasion pour l’agronome d’évoquer les différents avantages et inconvénients de chaque espèce et de plébisciter les mélanges, plus à même de produire de la biomasse et d’améliorer la structure du sol grâce à un système racinaire développé. BL
Quand semer ?
Si possible dans les 4 jours qui suivent la récolte pour profiter de l’humidité résiduelle en travaillant le sol de manière à favoriser un bon contact sol-graine. Il faut savoir qu’une journée du mois d’août en vaut 2 de septembre et 4 d’octobre en somme de températures. Essentiel pour favoriser la photosynthèse et développer de la biomasse.
Que semer entre 2 moissons ?
Entre 2 pailles, la moutarde (brune ou blanche) est bien indiquée car son cycle est court, entre 1,5 mois pour les variétés précoces et 3 mois pour les plus tardives. Elle est bénéfique jusqu’à la floraison. Elle peut être broyée par temps sec avec un passage de déchaumeur dans les heures qui suivent. Dans ce cas, elle assainit le sol en sécrétant des molécules qui inhibent le développement de champignons ou de bactéries responsables de maladies (botrytis, piétin…) Elle constitue un bon réservoir d’azote pour la deuxième céréale. Elle est facile à implanter et pas chère. Un trèfle d’Alexandrie peut également être semé entre deux céréales.
Que semer entre 2 maïs ?
Une base d’avoine rude avec une vesce est un bon mélange. La vesce met du temps à se développer mais elle assure son rôle par la suite. Il n’y a pas mieux actuellement compte tenu de la date de semis.
Que semer entre une céréale et un maïs ?
Un mélange de deux variétés de RGI et de deux variétés de trèfle incarnat permet aux éleveurs de bovins d’avoir un bon fourrage complémentaire. Il faut semer le mélange très tôt. Fertilisé par un fumier pailleux, il peut produire 4 à 6 tonnes de matière sèche avec une bonne valeur alimentaire. Si on considère que le coût d’implantation est de 50 à 100 €/ha et que la tonne de MS est valorisée entre 50 à 100 €, le retour sur investissement pour l’éleveur de bovins est de 4 à 6 en fonction du rendement. Si on inclut un coût de récolte de l’herbe (non pâturé), le seuil de rentabilité se situe à 2 tonnes par hectare. Si le couvert n’est pas valorisé par des animaux, les mélanges de plusieurs espèces sont conseillés pour produire de la biomasse et améliorer la structure du sol : avoine, phacélie, radis, tournesol…
Que semer dans une rotation avec légumes ? Il est préférable de semer des graminées pour des raisons sanitaires. Un mélange graminée – légumineuse (2/3 avoine dure – 1/3 vesce) convient bien.
Quand détruire le couvert ?
Même si le couvert a été semé tard, il ne faut pas attendre la fin avril pour le détruire car l’azote ne sera pas mobilisable par le maïs suivant. Il sera utilisé pour dégrader la paille du couvert. Il faut détruire le couvert dès que possible (réglementairement début février). Légumineuse ou crucifère pour dégrader les pailles? Un mélange dont le rapport C/N se situe entre 8 et 12 est facilement dégradé. L’avoine et le tournesol apportent du carbone. Les légumineuses apportent de l’azote, nécessaire à une bonne dégradation des pailles. Une crucifère peut en apporter autant et parfois plus si la légumineuse n’a pas le temps de développer ses nodosités.
Comment le détruire ?
Il est possible de rouler le couvert avant la date de destruction réglementaire s’il est fleuri et qu’il y a un risque de montée à graines (dérogation). Un rouleau packer ou cambridge est préférable au rouleau lisse. L’éclatement des tiges accentue l’effet éventuel du gel. La biomasse est collée au sol. Sa décomposition peut commencer ; les vers épigés décomposent le végétal en surface. Que la destruction soit réalisée par roulage, fauche ou broyage, l’idéal est d’incorporer la biomasse au sol de manière superficielle (5 à 7 cm maximum). Un déchaumeur à disques peut également être utilisé directement sur les couverts bien avancés dans leur cycle pour travailler le sol en surface et mélanger les plantes et la terre.
