Après vingt ans de marasme, la production porcine ukrainienne connaît une croissance de 12 % en moyenne depuis cinq ans.
Alors que la France a vu sa production porcine grimper en flèche dans les années quatre-vingt-dix, stagner durant les années 2000, puis décliner depuis cinq ans, celle de l’Ukraine repart depuis cinq ans, après vingt ans de marasme, explique FranceAgriMer. En cinq ans, la production est passée de 517 000 t à 810 000 t, soit une croissance moyenne de +12 % par an. Rappelons que sur le temps long, le pays n’est pas seulement un grenier à blé : en 1990, le pays produisait autant de porc que la France, soit 1,5 million de tonnes de carcasse par an, et tirait la moitié de ses revenus agricoles de l’élevage. Après la chute de l’URSS, les coopératives agricoles de la période soviétique ont périclité face au marché libre ; le cheptel est passé de 14 millions de porcs en 1991 à environ 2,5 millions en 2001. La production porcine ukrainienne a été divisée par trois en dix ans.
[caption id= »attachment_12253″ align= »aligncenter » width= »300″] La production de porc Ukrainiène redémarre depuis 2000.[/caption]
2008, un tournant
En 2008, l’Ukraine intégrera l’OMC. L’année marquera un tournant pour la production porcine ukrainienne. La crise économique frappant durement l’économie ukrainienne, la monnaie nationale est dévaluée de près de 50 %. Une fenêtre s’ouvre pour le développement de la production nationale. Le pays était prêt à l’assumer financièrement ; les bénéfices issus de la hausse du prix des matières premières (agricoles et non agricoles) de 2007-2008 vont être investis dans l’agriculture. Les premiers investissements porteront sur la production de grains, où la faisabilité et le retour sur investissement sont les plus rapides. Mais peu à peu, les investisseurs – ukrainiens et étrangers – vont s’intéresser à l’élevage, « qui dégage plus de valeur ajoutée et dont les prix sont moins soumis aux aléas du marché mondial », explique FranceAgriMer. Surtout la volaille, moins technique, mais aussi le porc.
En Russie, les importations de viande diminuent
Une étude du ministère américain de l’agriculture (USDA) met en évidence le redémarrage de la production de viande russe depuis 2000, et ses conséquences sur les importations russes à partir de la fin des années 2000. Dix ans après la fin de l’URSS, la Russie était devenue le principal marché d’exportation des États-Unis : 42 % des exportations de poulet de chair en 2001, 10 % des exportations de porc en 2008. C’est à partir de 2009 que les importations diminuent, grâce à une filière animale russe renaissante. Entre 2000 et 2013, la production porcine russe a progressé de 80 %, celle de volaille a été multipliée par sept. Les productions de bœuf et de lait (à l’exception du fromage) continuent en revanche de décliner. Un rebond attribué aux subventions du gouvernement et aux protections commerciales, analyse l’USDA.
Potentiel d’exportateur à terme
Résultat depuis 2010, après vingt ans de marasme, la production porcine repart à la hausse. Un futur concurrent pour la France ? Pas encore. L’autosuffisance n’est pas encore atteinte (80 % en 2013). La circulation de la peste africaine porcine et de la diarrhée épidémique porcine ne dispose pas encore le pays à l’exportation. Mais « à long terme, le recul de la démographie pourrait orienter le fort potentiel de production porcine du pays vers l’exportation à destination des marchés d’Asie et de l’Union européenne », estime FranceAgriMer. Toutefois, le coût de production n’est pas significativement plus élevé qu’en Ukraine et pour FranceAgriMer, les ventes en Europe devraient rester limitées en volumes et pourraient ne concerner que des pièces à haute valeur ajoutée (jambons, filets mignons…).