Dès la rentrée, les Jeunes Agriculteurs ont sonné l’alarme. Alors que les élevages s’enfoncent dans la crise, « État et représentants des filières doivent prendre leur responsabilité d’urgence ».
L’année débute par des vœux amers chez JA 22. Une « situation économique critique dans les exploitations, toutes filières confondues », illustrée par la publication sur les réseaux sociaux le 5 janvier d’un visuel choc d’un château de cartes s’écroulant accompagné du slogan « Rien n’arrive par hasard… Sauf quand le risque au jeu est trop élevé… » José Jaglin, le vice-président du syndicat, explique que « c’est une manière concrète de symboliser la réalité des élevages. On est au bord du gouffre. Les dépôts de bilan ont commencé en porc. Et quand la base ne tient plus, derrière la disparition de producteurs, il y aura la perte de nombreux emplois chez les fournisseurs d’aliments, les transporteurs, les abattoirs… Toute la région va en pâtir. » Dans une conjoncture qui ne permet plus de couvrir les coûts de production, les syndicalistes parlent de « 20 % des éleveurs de porcs bretons menacés de disparaître dans les tout prochains mois ». En viande bovine, c’est également la sinistrose. En lait, si la crise est venue un an plus tard, « on annonce 2016 à 270 € / 1 000 L de moyenne, sauf retournement miraculeux des marchés… Alors qu’il faudrait un prix à 330 € pour simplement couvrir les coûts de production d’un jeune qui vient de s’installer. » La volaille non plus n’est « pas au mieux ».
Jouer collectif dans les filières
« Pour des projets viables et vivables en agriculture demain », le président Sébastien Rouault attend « une remise en question immédiate et profonde de tous les responsables de filières, en jouant enfin collectif. Tout doit être mis en jeu pour, enfin, une juste répartition de la valeur ajoutée sur l’ensemble des maillons de la filière. » L’État, « qui peut débloquer des outils pour créer l’avenir rien que par la réglementation », est aussi attendu au tournant. « Le Préfet avait promis les premiers versements des dossiers Fac en juin, ils sont arrivés en novembre… Au niveau national, les leviers sont nombreux pour favoriser le Manger français, notamment l’obligation d’étiquetage de l’origine sur les produits transformés. Pour créer des fonds structurels solides et redonner de la compétitivité, vitale, aux élevages. Pour renforcer le pouvoir des Organisations de producteurs ou appuyer le rôle de l’Observatoire des prix et des marges… » Et José Jaglin de conclure : « On va perdre des éleveurs, c’est inévitable. Mais quoi qu’il arrive, il faut construire. C’est le moment ou jamais d’un sursaut de l’agriculture en France. » Toma Dagorn