Philippe Bizien, président du CRP, l’a rappelé cette semaine en conférence de presse. La solution à la crise est politique. Elle passe par l’étiquetage d’origine des produits.
Nous ne pouvons pas fermer les frontières mais nous devons protéger notre marché intérieur en imposant la mention d’origine des produits transformés, malgré un risque de plaintes et de sanctions de Bruxelles. Une sanction aurait le mérite de poser la question des travailleurs détachés qui sont payés 500 € par mois en Allemagne. C’est une concurrence déloyale. On fait une course avec des gens dopés. La France serait sanctionnée, mais combien coûterait le démantèlement de la filière ? Les Allemands protègent leur marché par le référentiel QS (qualité-sécurité) ou encore le label Tierwolh (lié au bien-être animal). Nous travaillons actuellement sur un plan de progrès, conçu pour répondre à certaines demandes sociétales : ce que l’on fait déjà, avec quelques avancées qui nous permettraient d’obtenir une meilleure valorisation auprès des GMS. Différencier notre production en quelque sorte.
Regroupement de l’amont face à la crise
Le collectif Sauvons l’élevage français (Sef), également connu sous le nom des Bonnets roses, salue l’annonce faite par cinq groupements de producteurs de leur rapprochement au travers d’une plateforme collective de commercialisation pour 7 millions de porc, soit plus de la moitié de la production bretonne. Il regrette l’absence de quatre groupements (Elporc, Seretal, Agrial et Porc Armor). Le collectif demande aux représentants de ces groupements de s’en expliquer devant leurs adhérents. La plateforme collective était l’une des principales revendications des Bonnets roses.
Les salaisonniers quittent le navire
La filière a besoin d’unité. C’est le moment qu’ont choisi les industriels de la charcuterie pour quitter Inaporc. Les grands faiseurs veulent continuer à travailler une viande moins chère. Ils ne veulent pas de la viande française pour faire leurs jambons. Certaines avancées sont de notre ressort, à nous producteurs. Notre système d’organisation collective est unique en Europe. C’est la mieux organisée. L’UGPVB, qui regroupe les groupements, fait un travail exemplaire qui nous permet d’avoir des outils comme le MPB, Uniporc ou des accords pour l’équarrissage. Ailleurs, les éleveurs sont sous la coupe des abattoirs. Le nombre de groupements a été divisé par 2 en 10 ans. On peut aller plus loin mais une seule OP ne réglerait pas les problèmes de compétitivité. Si c’était la solution, on l’aurait fait depuis longtemps. La solution est politique mais on répète toujours les mêmes propos sans être entendus… Propos recueillis par Bernard Laurent