La dernière vedette de l’élevage est un bœuf. 960 kg d’une seule pièce. Au Gaec du Merdy, à Plounéventer (29), ce mastodonte est loin d’être unique.
L’année 2015 a été sous une bonne étoile pour les frères Coat, Jean-Luc et Michel, éleveurs de 110 vaches allaitantes. Ce qui ne les empêche pas pour autant de regarder avec une certaine inquiétude l’avenir de la production de viande bovine. Car si chez eux 2015 est sortie du lot, c’est aussi parce que leurs bovins ont été bien valorisés. « Notre passion est de bien finir nos animaux », disent les éleveurs qui ont hérité de ce savoir-faire de leur père, Jean.
Le broutard en fête
Lors de la fête du broutard en août dernier, à Guerlesquin (29), Le Gaec du Merdy, de Plounéventer, a décroché le prix de l’élevage sur présentation des femelles de l’année (de juin 2014 à juin 2015) : 778 € en moyenne par broutarde vendue. Et un 3e prix avec 37 broutards vendus au prix moyen de 1 033 €.
La passion des bêtes bien formées
« Quand on vit de sa passion, on ne se plaint pas », acquiesce Jean Coat qui a démarré l’activité viande sur l’exploitation dans les années 70. « D’abord des taurillons puis des vaches croisées », raconte-t-il, en faisant un petit crochet vers son autre passion : le cheval de trait breton, tout en muscle lui aussi. « Le fait de me retrouver à 14 ans à travailler seul avec des chevaux ne m’a pas dégoûté comme beaucoup d’agriculteurs. Au contraire même. Je n’ai jamais trouvé cela difficile. Sans doute aussi parce que les chevaux étaient bien nourris 2 heures avant d’aller travailler. Ils avaient donc de l’énergie à revendre et ne rechignaient pas à la tâche. C’est pour cela qu’ils n’étaient pas difficiles à mener ». Cette habitude de bien nourrir les bêtes est restée au cœur des façons de faire de l’élevage de bovins : pas de belles bêtes sans nourriture abondante. C’est ce fil qui conduit aujourd’hui encore Jean-Luc et Michel Coat pour mener leur troupeau de 80 Charolaises, 15 Blondes et 15 Blanc Bleu. « De là à dire qu’il y a une race meilleure que l’autre… Elles ont toutes leurs défauts, mais aussi leurs qualités », résument les éleveurs.
La forme, une question de fond
Les éleveurs le disent : « Chez nous, il y a une tradition de bêtes formées. En Blanc Bleu bien sûr, mais aussi en Charolais race pour laquelle nous nous fournissons toujours en taureaux dans un élevage de Vendée ». Et Jean-Luc et Michel Coat d’ajouter : « L’amélioration de la qualité des broutards et des bêtes de boucherie, c’est un travail d’amélioration génétique constant et une alimentation adaptée à ce type d’animaux ». Avec cette question qui taraude les éleveurs : « À l’avenir saura-t-on encore valoriser les bonnes bêtes comme celles que nous produisons pour les concours d’animaux de boucherie ? »
Nourrir la bête
Deux fois cette année, ce sont paradoxalement des croisées qui ont donné le meilleur d’elles-mêmes. D’abord, le 27 août lors de l’Estival de la viande organisé par le Mol. Ce jour-là, l’élevage est monté sur le podium avec une belle croisée de 866 kg, née en avril 2012 d’une mère Blanc Bleu et d’un père Charolais. De quoi ravir le 1er prix inter-races et la palme de championne du jour avec ses 594 kg de viande vendue 7,13 €/kg. Rebelote avec une croisée le 10 décembre dernier. Les 872 kg sur pied de cette génisse lui ont valu le prix de championne du jour et le 1er prix inter-races au Festival de la viande organisé à Landivisiau (29). « Cette génisse de 40 mois a produit 560 kg de viande, classée E ; soit un rendement de 64 % », se réjouissent les éleveurs qui ne ménagent pas leur énergie pour finir de telles bêtes. « Un animal comme celui-là demande 6 à 8 mois de finition ». Pour ce dernier Festival de l’année, l’élevage qui présentait 5 animaux bien finis a décroché également le 1er prix du bœuf (960 kg). De belles pièces qui, n’en doutons pas, ont certainement grillé la côte et ravi les palais lors des fêtes de fin d’année. Didier Le Du