Le retour de l’Argentine

exportation-soja-cereale-mais-ble-mauricio-macri-argentine - Illustration Le retour de l’Argentine

Depuis l’élection, en novembre dernier, du libéral Mauricio Macri, le secteur est en pleine révolution. Et, sur le long terme, l’offre argentine devrait évoluer.

Pendant l’ère Kirchner, les exportations agricoles ont été la « vache à lait » du Gouvernement, en mal de liquidités. Les ponctions opérées sur les ventes laissaient malheureusement les producteurs très amers et paralysaient le potentiel agricole du pays. Mais depuis l’élection, en novembre dernier, du très libéral Mauricio Macri, le secteur est en pleine révolution. D’une part les taxes et les quotas qui encadraient les exportations de céréales ont été levés, le prélèvement sur le soja a diminué, mais le peso a aussi été dévalué de 40 % en une journée. Tout cela a libéré les énergies… et les stocks de marchandises, apportant de la visibilité au marché.

Un retour fracassant sur les marchés pour le blé

C’est sur le blé que le retour de l’Argentine au marché a été le plus visible. Très encadré à la vente, la céréale avait régulièrement reculé dans les emblavements, ramenant les exportations de 10,5 Mt en 2006/2007 à 2,2 Mt en 2013/2014. Dans l’attente de la dévaluation de la monnaie et du changement de régime, les stocks s’étaient accumulés en 2014/2015. Malgré un recul de la récolte en cours, le disponible exportable sur 2015/2016 est donc attendu entre 6 et 7 Mt. Le pays a fait un retour fracassant dès le mois de décembre, en remportant à prix cassé un appel d’offres égyptien. Mais une grande partie de son blé n’étant pas de très bonne qualité (stockage en silos bags des anciennes campagnes et faiblesse des critères meuniers sur la nouvelle), le pays est aussi fortement concurrentiel sur le blé fourrager en Asie. Cette compétition reste cependant à relativiser, car nous parlons de 1 à 2 Mt de plus de blé à placer sur le marché mondial par rapport à l’an dernier. Mais elle tombe mal pour les négociants français, pourtant favorisés par un fret très bon marché ! Nul doute que le pays va s’inscrire beaucoup plus régulièrement dans la bataille céréalière dans les prochaines années… Car l’annulation des taxes à l’exportation (23 %) va favoriser le blé dans les assolements, au détriment du soja dans le sud du pays.

Du maïs compétitif

En maïs, là aussi, les Argentins n’ont pas attendu. Suite à l’annulation de la taxe de 20 %, l’origine argentine est redevenue la plus compétitive. Et comme une part encore importante des semis pouvait encore être réalisée après le résultat des élections, ces derniers ont été dynamisés. Le Gouvernement ne cesse de réviser à la hausse ses prévisions. Seul bémol, de fortes inondations dans la région productrice de Cordoba (28 % du maïs) pourraient grever le potentiel. La récolte 2016 est estimée entre 25,6 Mt et 28 Mt selon les sources, ce qui laisse un disponible exportable de 16 Mt environ. C’est un chiffre identique aux précédentes années.

3e exportateur mondial en soja

L’Argentine est un pays trois fois plus petit que le Brésil, mais il joue un rôle important dans la production mondiale de nombreuses matières premières agricoles comme le soja (troisième place), le tournesol (quatrième place), le maïs (cinquième place), ou le blé (dixième place). Son poids devient encore plus fort en ce qui concerne les exportations. Le pays est, en effet, cinq fois moins peuplé que son voisin brésilien, et nombre des grains produits finissent au port ! Si l’Argentine est le troisième exportateur de graines de soja, elle est le premier en tourteaux et en huile. Elle bataille avec l’Ukraine sur la troisième marche du podium pour le maïs, et remonte à la septième place pour le blé et à la troisième place pour le tourteau de tournesol.

Le soja en retrait à terme ?

En soja, les taxes sur la graine (35 %) ne vont disparaître que progressivement, à raison de 5 % par an. C’est pourquoi les exportations de celles-ci n’ont pas explosé depuis deux mois. Par contre, elles ont trouvé le chemin des usines de trituration et permis aux tourteaux (moins taxés) d’alimenter le marché mondial à une période où les disponibilités sud-américaines s’assèchent (transition inter-campagne). Rappelons que les agriculteurs sont assis sur des millions de tonnes de graines, accumulés au cours des précédentes campagnes. L’objectif est désormais de faire tourner des usines de trituration dont les capacités ont largement été sous-exploitées (50 %). Comme l’élevage intensif est peu développé (contrairement au Brésil), presque toute la production du coproduit est destinée au marché mondial. Mais pour fournir régulièrement l’export en tourteau, il faut aussi que l’huile de soja trouve un débouché. Le marché du biodiesel qui s’était développé il y a quelques années, a été stoppé par les mesures antidumping érigées par l’Union européenne et par la chute des prix du pétrole. C’est donc par le soutien du marché local (un des objectifs de Mauricio Macri) et par l’ouverture récente du marché américain au biocarburant argentin, que pourra (ou pas) se relancer la transformation des graines. Patricia Le Cadre / Cereopa


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