C’est en Mayenne que le premier robot d’alimentation exclusivement destiné à un atelier bovin viande a été installé. Les éleveurs ont d’abord fait ce choix pour gagner en confort de travail.
À l’allure de R2-D2 dans Star Wars, le bol automoteur repousse le fourrage ou distribue une alimentation fraîche aux taurillons, se repérant grâce à des ultra sons. Le début et la fin de chaque case sont déterminés par une plaque de fer sur le sol, perpendiculaire à l’auge. Dans chaque case, le laser du robot permet de déterminer la hauteur moyenne de fourrage et repassera l’heure suivante si besoin. à l’extérieur, le robot se repère grâce à des bandes métalliques sur le sol. Après avoir fait un tour dans la deuxième stabulation, il revient dans son espace parking où il va se recharger. Dans le même temps, la cuve de 2 m3 est remplie via le grappin qui fait des allers-retours dans la « cuisine ».
[caption id= »attachment_12729″ align= »aligncenter » width= »300″] Jean-Marie et Francine Gautrais.[/caption]
Plus d’1,5 h gagnée par jour
Le robot Vector de chez Lely a été installé il y a un an sur l’EARL Gauvenière, à Chemazé (53). Les deux exploitants, Jean-Marie et Francine Gautrais, gèrent aussi des dindes reproductrices (sur 1 200 m2) et un atelier de 112 veaux de boucherie (SAU de 68 ha, 2 UTH). « Auparavant, nous avions une désileuse pailleuse traînée. J’apportais manuellement 600 à 700 kg de concentrés chaque jour et je rapprochais les rations à la pelle. Les betteraves étaient amenées au godet désileur, un jour sur deux », explique Jean-Marie Gautrais. L’astreinte quotidienne est passée de 2,5/3 heures à 1 heure environ pour le paillage, à laquelle il faut ajouter 1 heure tous les 4 jours pour remplir la « cuisine » où sont stockés les aliments.
Un investissement de 150 000 €
Le coût total de l’installation représente quand même un investissement de 150 000 €. Les producteurs ont aussi dû acquérir une désileuse cube, indispensable pour la conservation des fourrages dans la cuisine (5 500 € en occasion). Est-ce raisonnable dans une conjoncture morose en viande bovine ? Les éleveurs mettent en avant plusieurs arguments : « Ce robot nous enlève vraiment de la pénibilité et a permis d’améliorer la performance de l’atelier : les taurillons sont plus homogènes et le GMQ s’est accru de 150 g/j. Nous gagnons un mois d’engraissement. Avec une ration plus homogène et moins acidogène, les taurillons sont plus calmes. Et nous pouvons consacrer plus de temps sur les autres ateliers. »
Autre point à prendre en considération, la faible consommation du robot : 2 €/j d’électricité contre 8 € de carburant par heure d’utilisation pour un bol mélangeur avec tracteur. « Avant, les éleveurs n’avaient qu’une seule ration, variant seulement les quantités et les concentrés. Avec le Vector, 16 rations différentes sont possibles. Sur l’EARL, les producteurs en ont établi 4 : pour le premier mois, pour les 3 mois suivants, encore trois mois, puis la finition », explique Anthony Jarry, commercial Lely. Toutes les heures y compris la nuit, le robot passe dans les deux bâtiments. Chaque lot (15 en tout) est alimenté 4 à 5 fois par jour. « Un bol et une cuisine peuvent être suffisants jusqu’à 400 taurillons. Le système peut s’adapter à tous les bétons, mais la pente doit être inférieure à 5 % », précise Anthony Jarry. Agnès Cussonneau