Les vaccins et des règles strictes de biosécurité permettent de maîtriser les problèmes sanitaires de l’élevage Lostanlen à Kergloff (29). L’aliment médicamenteux a été supprimé.
Pascal Lostanlen, a réalisé, en 2011, un audit de la biosécurité sur son élevage. Les mesures à prendre ont été hiérarchisées avant d’être adoptées sachant que l’objectif était « de progresser graduellement, en tenant compte du fait que ce qui est compliqué est moins facilement appliqué ». Surtout quand l’entreprise compte 8 UTH, dont un frère associé et 6 salariés qui interviennent également les week-ends. Les résultats de l’application de ces règles de biosécurité ont été évalués. Il les dévoilait, avec son vétérinaire Claudio Trombani, lors du Forum technique du groupement Aveltis, le 15 décembre dernier, à Carhaix (29).
Achat de futures reproductrices de 8 kg
« Nous avons ajouté une vaccination PCV2 en 2010 à un protocole vaccinal qui comprenait déjà des vaccins contre le SDRP et le mycoplasme ». De quoi contrer les problèmes respiratoires qui affectaient la santé des animaux. Pas suffisamment cependant pour les frères Lostanlen qui décident, en 2011, de revoir les règles de protection de l’élevage et certaines pratiques des opérateurs à l’intérieur des bâtiments. Une douche à l’entrée, des tenues propres, spécifiques à chaque atelier et de couleur différente ont été adoptées. Le bac d’équarrissage s’est éloigné, « un compromis à trouver », et le quai d’embarquement est désormais lavé et désinfecté après chaque départ. La conduite des futures reproductrices est bien calée. « Nous recevons 8 femelles grand-parentales de 8 kg toutes les 12 semaines. Elles sont élevées dans un container aménagé et isolé de l’élevage jusqu’à 50 kg. Elles rejoignent ensuite les lots précédents dans des salles dédiées à l’engraissement des reproductrices d’autorenouvellement. Après la phase d’engraissement, les cochettes passent 4 semaines dans une première quarantaine puis 4 autres semaines dans un second local où elles reçoivent les déjections et les délivres des truies de l’élevage ».
Lavage et désinfection des fosses d’engraissement
À l’intérieur des bâtiments, des mesures ont été prises pour que les pathogènes ne se redistribuent pas entre animaux grâce à la marche en avant des porcs et au sens de circulation des opérateurs (y compris le weekend). Le lavage et la désinfection des couloirs sont systématiques après chaque passage d’animaux. Les fosses de post-sevrage et d’engraissement ont le même traitement après le départ des porcs. « Les fosses sont vidées et lavées à la lance à incendie. Ensuite, elles sont désinfectées au canon à mousse. Cela ne prend pas trop de temps ». Les éleveurs respectent un protocole simple et strict au niveau des soins : « Une aiguille par truie, par portée ou par case ; l’infirmerie est un trajet sans retour dans les salles d’origine ». L’hygiène fait l’objet d’une grande attention : un point d’eau a été installé à chaque passage entre ateliers pour faciliter le lavage des mains et des bottes. En parallèle, la conduite des animaux a été modifiée : « Nous constituons, au sevrage, des cases regroupant un maximum de 2 à 3 portées en respectant les rangs de portée des mères (case de petits mélangée). Nous utilisons une bétaillère avec des cloisons pour transporter les animaux sur un site d’engraissement extérieur pour éviter les mélanges ».
Prophylaxie vaccinale sur l’élevage
- Cochettes grand-parentales à 8 kg : mycoplasme, PCV2, SDRP atténué, autovaccin App (actino).
- Cochettes en croissance : mycoplasme, PCV2, SDRP atténué, autovaccin App (actino).
- Cochettes et verrats en quarantaine : mycoplasme, PCV2, SDRP atténué, autovaccin App (actino), grippe, rhinite, parvo-rouget.
- Truies : SDRP atténué, parvo-rouget, rhinite
- Verrats : rappels SDRP atténué et parvo-rouget.
- Porcelets : mycoplasme à 5 et 23 jours, circovirus à 23 jours.
L’aliment médicamenteux supprimé en 2015
En plus des mesures de biosécurité et du protocole vaccinal, les éleveurs ont décidé d’utiliser, en 2012, un autovaccin contre l’actinobacillus sur les truies. « À la suite de la mise en service de l’engraissement extérieur, la mortalité et les saisies avaient augmenté. Nous avons donc décidé d’isoler et d’identifier la souche pour fabriquer un autovaccin », justifie Claudio Trombani. Toutes ces mesures ont permis d’abaisser le taux de mortalité en engraissement : de 3,5 % pendant l’hiver 2011 contre moins de 2 % actuellement. « Nous avons mis en place un seuil d’alerte (nombre de morts par semaine) pour intervenir en cas de dépassement. Depuis, nous avons eu à déplorer un accident alimentaire (conservation du maïs) et un passage de grippe qui ont eu pour conséquence le dépassement de ce seuil d’alerte ». L’aliment médicamenteux a été supprimé dans l’aliment des porcelets en 2015. Les dépenses de santé concernant les poudres orales et les solutions buvables ont été divisées par 5 entre 2012 et 2015. De quoi rentabiliser largement les tâches supplémentaires liées au renforcement de la biosécurité. Bernard Laurent