La pousse ralentie en début d’automne a fragilisé le colza lors de l’arrivée des grosses altises.
La rumeur de forte pression des grosses altises sur les champs bretons s’est répandue cette année dans les campagnes. Pourtant, au regard des piégeages réalisés par le réseau de surveillance biologique du territoire animé par la Chambre d’agriculture de Bretagne et la Fredon Bretagne, ce n’est pas le nombre d’individus d’adultes de grosses altises mais la pousse ralentie des cultures, la rendant plus sensible au ravageur, qui a marqué la première phase de croissance des crucifères. « Les comptages dynamiques, c’est-à-dire réalisés par semaine, nous éclairent sur les pics d’activité de l’adulte de la grosse altise, sur une trentaine de cuvettes jaunes suivies par le réseau de partenaires contribuant au Bulletin de santé du végétal (BSV).
Le comptage moyen, estimé au maximum à 25 individus par cuvette, montre une activité régionale raisonnable au regard des années précédentes. En revanche, 100 % des colzas étaient à un stade inférieur à 3 feuilles en semaine 39, soit en fin de septembre, marquant le début d’activité des adultes de grosses altises. La semaine suivante, encore 80 % des cultures restaient dans ce stade sensible, contre seulement 30 % en 2014. C’est cette dynamique de développement lente qui a sensibilisé le colza aux insectes brouteurs comme la grosse altise. Au-delà de 4 feuilles, le colza n’est plus sensible à ces attaques », rappelle Nina Rabourdin, ingénieure à Terres Inovia, lors d’une rencontre technique régionale à Rennes (35).
Le colza vit avec un foisonnement de larves
À l’automne, les larves des altises s’installent dans les pétioles des colzas, pour y continuer leur cycle de développement. « Elles se développent à partir de 5°C. Les dégâts des larves sont faibles si elles restent cantonnées dans le pétiole, mais deviennent plus problématique si elles migrent à l’intérieur de la plante, au stade rosette ». Les bilans en entrée hiver font état d’une pression larvaire faible à moyenne dans les colzas, à un niveau similaire à l’année précédente. Avec des plantes à fort développement, la région Bretagne reste à l’abri des ravages de larves de grosses altises pour l’instant. Fanch Paranthoën