L’influenza aviaire plombe la filière

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Perte de marchés à l’export pour les sélectionneurs et les accouveurs, baisse de la production chez Doux, augmentation des vides sanitaires chez les éleveurs… Les conséquences de l’influenza aviaire en France sont multiples et touchent tous les acteurs de la filière avicole.

Voilà déjà quelques semaines que l’influenza aviaire refait parler d’elle en France. Les cas avérés concernent principalement la filière canard gras du sud-ouest de la France et son modèle un peu bucolique qui entretient certainement la présence du virus. On peut pointer du doigt le non-respect des règles sanitaires lors des bandes multiples. La recrudescence des cas en fin d’année est liée à l’abattage massif d’animaux destinés au marché festif et à la multiplication des contrôles lors des abattages suite à la découverte de plusieurs cas. « Quand on cherche, on trouve », livrait un acteur de la filière. Le retour de ce virus dans l’Hexagone entraîne dans son sillon son lot d’inquiétudes et de conséquences économiques directes et indirectes sur toute la filière avicole. La France a donc perdu son statut de pays indemne, « certains pays comme l’Iran ou l’Égypte qui font partie de nos clients assez importants ont déjà fermé leurs frontières. Si la situation perdure, ces 2 clients perdus entraîneraient une perte de 2 millions d’euros par an pour notre entreprise », témoigne Estelle Le Helloco, gérante de l’entreprise Le Helloco Accouvage, à Loudéac (22).

Les sélectionneurs durement touchés

Pour Dominique Perrot, directeur général du couvoir Perrot, les premiers à être impactés sont les sélectionneurs (Hendrix, Aviagen, Hubbard…) qui exportent des poussins et dindonneaux futurs reproducteurs vers des pays comme l’Algérie, l’Égypte, le Maroc ou la Tunisie qui ont fermé leurs frontières. Les couvoirs dont l’activité export d’œufs à couver est très développée sont aussi durement touchés. « Aujourd’hui, il y a peu de conséquences de l’influenza aviaire sur la consommation de volailles en France. C’est sûrement lié au message rassurant du ministère de l’Agriculture qui garantit que la consommation de viande de volaille, foie gras et œufs ne présente aucun risque pour la consommation au regard de cette maladie », explique Dominique Perrot. Le couvoir de Pommerit-Jaudy (22) exporte peu, il n’est donc pas impacté directement. « On sent tout de même une prudence de nos clients sur les mises en place en élevage. »

Réduction de 10 millions de poulets pour Doux

« Indépendamment des mesures de restriction sanitaires officielles, on constate que les clients importateurs de poulets réduisent leurs commandes, anticipant une possible extension des contaminations en France », déclare Pascal Le Floc’h, directeur amont  du groupe Doux. Dans un communiqué daté du 22 décembre, il informe les éleveurs : « Tout concourt à réduire les flux commerciaux à l’exportation. Nous estimons que la fermeture ou le ralentissement des commandes de certains pays du Moyen-Orient et autres pays importateurs de volailles aura un impact sur la production de l’ordre de 10 millions de poulets. Nous devons réduire notre production par rapport au niveau d’activité prévu initialement afin d’éviter un sur-stockage. Cette réduction d’activité sera faite sur la période du mois de février à fin avril. » Cela va se traduire pour février par une baisse d’activité de l’ordre de 25 % pour l’abattoir de Châteaulin (29) et de 30 % pour celui de Chantonnay (85). Inévitablement, cette réduction d’abattage aura une répercussion sur l’activité en élevage avec des vides sanitaires qui seront allongés passant de 12 jours en moyenne à 3 semaines sur la période janvier/février.

Des poules de réforme à 0 €

Les abattoirs dont la production est plus orientée sur le marché intérieur vont aussi avoir des problèmes de rentabilité. « Une partie de leur marge se fait sur ce qui est appelé le 5e quartier en bovins. En volailles, ce sont les ailerons, les pattes ou la viande séparée mécaniquement qui trouvent des débouchés à l’export », indique Dominique Perrot. Du côté des élevages de pondeuses, ce sont les poules de réforme qui peinent à trouver des débouchés. « Même si le contexte en poules de réforme était difficile avant l’influenza aviaire, celle-ci ajoute une difficulté supplémentaire. Aujourd’hui, les éleveurs laissent partir leurs poules de réforme à l’abattoir pour 0 €, faute de débouchés sur les pays d’Afrique du Nord », lance Gilles Guillaume, animateur de la section œuf de l’UGPVB. Globalement, les acteurs de la filière craignent être de nouveau à la veille d’une crise importante de la volaille. Nicolas Goualan

L’avis de Félix Mahé, Ingénieur GDS Bretagne et OVS animal Bretagne

La situation sanitaire dans le Sud-Ouest révèle la nécessité d’améliorer la prévention et la surveillance des virus Influenza. La contamination des élevages a été identifiée en décembre 2015. Mais cette infection a pu passer inaperçue chez les palmipèdes pour lesquels le portage asymptomatique des virus influenza est connu. Il peut se maintenir en l’absence de vide sanitaire et d’autres mesures de biosécurité dans certaines filières de productions. Le passage de ces virus sur les galliformes (poules, pintades, dindes) provoque les conséquences économiques graves que la filière connaît depuis 1 mois. Ce constat met en évidence la nécessité d’appliquer ou de renforcer 2 actions prioritaires :

  • L’amélioration de la prévention dans certaines filières palmipèdes par des pratiques d’élevage intégrant plus de mesures de biosécurité et notamment des vides sanitaires réguliers.
  • Une surveillance adaptée et renforcée pour vérifier l’efficacité de ces mesures de prévention par des contrôles réguliers en élevage.

Rappelons que la maîtrise des maladies est basée sur la prévention, la surveillance et la lutte, 3 missions de l’OVS santé animale.


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