Avec 95 hectares et 450 000 litres de lait à produire, Gwenaël Allanic avait l’impression de faire fausse route. Ses échanges avec Laurence Plassot lui ont permis de revenir à son souhait initial : être autonome, créer de la valeur ajoutée.
« J’ai l’impression de devoir travailler toujours un peu plus pour gagner un peu moins. D’être entraîné dans un système dans lequel je ne me sens pas bien ». Gwenaël Allanic s’est installé en 2010 sur une ferme de Croixanvec (56), avec une référence laitière de 350 000 litres de lait, après avoir roulé sa bosse pendant 17 ans, comme salarié. Routier dans un premier temps, puis vacher dans un élevage de la région. « J’ai eu l’opportunité, rapidement après l’installation, de m’associer avec des voisins. Le projet n’a pas abouti ».
Une deuxième occasion s’est présentée et l’éleveur s’est associé, en 2014, à un voisin, proche de la retraite, ayant des terres à proximité de l’étable, accessibles aux laitières. Une belle structure, d’une centaine d’hectares, à la tête de laquelle il se retrouvera seul en 2017. Une aubaine pour certains. Un casse-tête pour Gwenaël. Comment remplacer son associé ? Embaucher un salarié ? Produire encore plus pour le rémunérer ?
Prendre du recul
« J’ai pris contact avec Laurence Plassot, qui accompagne les agriculteurs dans leur réflexion et que je connaissais de par son activité professionnelle antérieure. Nos échanges m’ont permis de me poser les bonnes questions. Et surtout de faire émerger les principales : pourquoi je me suis installé ? Qu’ai-je envie de faire ? ». Il voulait une exploitation familiale créatrice de valeur ajoutée. Il se retrouve à la tête d’une grosse structure dépendante de l’environnement extérieur « où on te pousse à faire toujours plus et qui finit par te dégoûter ». Les rencontres avec la spécialiste en ressources humaines lui ont permis de prendre du recul, « de lever la tête ». Il reconnaît qu’il avait besoin de se confier à quelqu’un d’extérieur, indépendant, mais connaissant parfaitement le milieu agricole. De son côté, Laurence Plassot, agronome de formation, a tenté de faciliter la prise de conscience, d’amener l’éleveur à se positionner sur ses valeurs, sur ses moteurs, et de faire émerger des solutions.
Une proposition de Via Émergences
Via émergences propose : bilans d’étape professionnels (retrouver du sens au métier, se relancer, quitter le métier surtout quand ce n’est pas choisi, construire la suite) ; pour les femmes : trouver et prendre sa place sur l’exploitation ; mieux collaborer dans le couple employeur / salarié ; anticiper la création de société, l’arrivée d’un nouvel associé, la recherche d’un nouvel associé ; la médiation, la gestion de conflits, … Contact : 06 30 71 58 38 www.viaemergences.fr
Choix de la valeur ajoutée
La décision est prise. Il n’y aura pas d’embauche au départ de son associé. « Du moins, pas de salarié permanent ; seulement des recours occasionnels pendant certains weekends ou pendant les vacances ». Gwenaël Allanic a décidé de réduire la voilure. En se séparant de quelques terres probablement. Et en créant de la valeur ajoutée sur l’exploitation par une valorisation du lait en bio. « C’est beaucoup plus cohérent avec ce que j’imaginais de faire avant de m’installer ».
Au-delà du recul pris, via les échanges avec sa conseillère sur sa vie professionnelle, l’éleveur y a trouvé un appui pour oser évoluer vers un nouveau système, à contre-courant des idées établies sur la nécessité de s’agrandir pour écraser les charges d’exploitation. Les 5 séances de travail lui ont coûté 400 euros, déduction faites des diverses prises en charge (Vivea, crédit d’impôt formation). Le prix à payer, dans son cas, pour retrouver une réelle motivation et confiance en l’avenir. Bernard Laurent