La notion de regroupement de l’offre en production porcine est relancée, pour peser face à la grande distribution et sur le marché de l’export.
Déséquilibre de l’offre dans un contexte de suppression de la régulation des marchés, distorsion de concurrence intra-européenne, embargo russe, baisse de la consommation… Si les causes de la crise qui touche la filière porcine citées sont diverses, l’organisation insuffisante de la filière est la plus ciblée par les organismes professionnels agricoles bretons ces derniers jours.
Regrouper l’offre
Dans un plaidoyer fleuve publié le 5 janvier, les présidents de la FDSEA et des JA du Finistère Thierry Merret et Sébastien Louzaouen appellent à des réformes de fond dans la filière porcine pour sortir les éleveurs de la crise. Outre leurs demandes répétées (fin des distorsions de concurrence en Europe, étiquetage d’origine de la viande), ils pointent du doigt les marges arrière versées « depuis les années 1990 » par les abatteurs aux groupements au prorata des animaux livrés auxquelles ils exigent qu’on mette fin. Et ils réclament « une réelle concertation de l’offre » au travers d’une association d’organisations de producteurs bénéficiant « de dérogations au droit de la concurrence (comme il en existe dans le lait, l’huile d’olive, les céréales) ». Une notion reprise lundi 11 janvier par Loïc Guines, président de la FDSEA 35 : « L’heure n’est plus aux tergiversations ni à la tiédeur, il faut agir et restructurer pour ne garder que deux groupements. »
Seule issue, pour peser sur le marché, pouvoir investir dans les outils de production locaux et faire face aux acheteurs « qui profitent de notre dispersion », rajoute-t-il. « Outre l’offre commerciale commune et la valorisation de la qualité de notre production locale par un étiquetage adéquat, un renforcement du lien entre l’amont et l’aval devrait aboutir à une politique de segmentation de la production, indispensable pour répondre à la diversité des besoins des marchés », renchérit André Sergent, président de la Chambre d’agriculture du Finistère, par voie de communiqué de presse, le 12 janvier. Un long combat à mener dès à présent dont le seul objectif est de « sauver les producteurs bretons » pour tous ces interlocuteurs. « Il n’est pas acceptable qu’il en soit autrement et l’UGPVB dont la mission première est la défense de l’intérêt des producteurs doit y parvenir ou disparaître », alerte Loïc Guines. Tous ces sujets nécessiteront des mois de tractation, d’où l’urgence de passer très rapidement aux actes, relève André Sergent.
L’État soutient-il la production porcine ?
Suite à une réunion de l’Union des groupements de producteurs de porc bretons (UGPVB) le 7 janvier, ses représentants invitent, quant à eux, dans un communiqué du 11 janvier, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll et le président du Conseil régional de Bretagne Jean-Yves Le Drian à venir « sur le terrain en Bretagne », afin que « ces décideurs expriment clairement les décisions prises en haut lieu concernant l’avenir de la production porcine ». Selon l’UGPVB, « aucune réponse politique n’a été apportée aux producteurs et à la filière concernant le dumping fiscal et social qui affaiblit structurellement le bassin de production depuis 10 ans ».
Or selon ces derniers, l’État doit afficher l’hypothèse qu’il a retenue parmi les deux seules possibles dans un monde ouvert qui soumet les acteurs économiques à la compétition. À savoir le choix de l’autosuffisance et du maintien des volumes, avec une compensation accordée contre ce dumping intra-européen et l’affichage de l’origine des viandes, comme le demandent les consommateurs, les éleveurs et leurs organisations de producteurs. Ou le choix d’un repli stratégique en spécialisant la production française sur le haut de gamme, en sacrifiant 50 % de la production française avec une perte de 20 000 à 30 000 emplois. Une orientation similaire à ce qu’ont vécu les filières du textile et de l’automobile…