Le 1er producteur et 2e exportateur mondial de volailles s’intéresse fortement aux marchés asiatiques. Il lorgne aussi sur l’Europe malgré ses réglementations contraignantes.
« Nous avons fait un état des lieux de la situation de la filière volailles de chair aux USA et mesuré les enjeux dans le cadre de la négociation du TTIP », déclare Camille Deman, chargée d’études économiques à l’Itavi. 86 % de la production de volailles de chair est concentrée sur le sud-ouest des USA. « Cette concentration géographique permet de réduire les coûts de transport et de réaliser des économies d’échelles. Mais cela représente de gros risques sanitaires et des questions d’acceptabilité sociétale. » Les États-Unis sont le 1er producteur mondial de volailles avec 20,3 millions de tonnes en 2014, en progression constante depuis les années 2000 et + 1,5 % par rapport à 2013.
19 % de la production exportée
« La consommation des ménages se tourne de plus en plus vers des produits transformés et de découpe. Par conséquent, les éleveurs produisent des animaux plus gros avec un poids moyen à l’abattage de 2,5 kg pour les poulets. » Les États-Unis profitent de coûts de production inférieurs de presque 32 % comparés à ceux de l’Union européenne. Tout cela aide à développer les exportations et notamment vers des nouveaux marchés comme l’Asie. « En 2014, ce sont 3,7 millions de tonnes qui ont été exportées soit 19 % de la production. Ce qui fait des USA le 2e exportateur de volailles après le Brésil », indique Camille Deman. Ces exportations sont pour 95 % des découpes destinées au Mexique, à la Chine, au Canada et à la Russie. Ce sont des marchés de dégagement permettant aux USA de valoriser des produits qui ne peuvent pas l’être sur leur marché national. Parallèlement, les importations sont très faibles, de l’ordre de 55 000 tonnes, provenant principalement du Canada et du Chili.
[caption id= »attachment_13083″ align= »aligncenter » width= »300″] Comparaison des coûts de production.[/caption]
Des pratiques d’élevage faiblement réglementées
« C’est un pays ou les pratiques d’élevages sont faiblement réglementées. Il n’y a pas de réglementation au niveau du bien-être animal, ni sur l’usage d’antibiotiques. Ils peuvent utiliser des antibiotiques en tant que facteurs de croissance. L’approche de l’évaluation des risques n’est pas la même qu’en France, ils décontaminent les carcasses chimiquement et utilisent de plus en plus de l’acide peracétique (interdit en UE) pour le faire. Voici les principaux obstacles aux échanges. » Malgré tout, c’est une filière qui dispose d’outils de production compétitifs avec des volailles principalement destinées au marché intérieur.
Pour rester dynamique, ils innovent en permanence et s’adaptent très rapidement aux changements de la demande des consommateurs. Par contre, les évolutions sont timides dans le domaine du bien-être et des antibiotiques, marquant un vrai clivage avec les filières européennes. « Dans le cadre du TTIP, les opérateurs souhaiteraient entrer sur le marché européen bien que les réglementations leur semblent contraignantes. Ils craignent tout de même la concurrence avec les produits brésiliens. Mais plus que l’Europe, c’est l’Asie qui intéresse les industriels des américains. » Nicolas Goualan